« C’est le sujet qui devrait faire les titres de tous les journaux aujourd’hui ». Sur Europe 1, jeudi matin, l’économiste et écrivain Jacques Attali a commenté l’exploit de la Chine, qui dans la nuit de mercredi à jeudi, a posé le premier engin spatial de l’histoire sur la face cachée de la Lune. « La Chine est devenue une très grande puissance, elle est en train de devenir une très grande puissance spatiale », souligne-t-il. « Elle vient de réaliser un exploit extraordinaire qui montre que 2019 est l’année de l’affrontement entre la Chine et les États-Unis ».
La Chine investit en effet des milliards dans son programme spatial, piloté par l’armée. Elle place des satellites en orbite, pour son compte (observation de la Terre, télécommunications, système de géolocalisation Beidou) ou pour d’autres pays. Elle espère également envoyer un robot sur Mars et des humains sur la Lune. Quant aux États-Unis, « ils ont les moyens d’une politique industrielle par la Défense », rappelle Jacques Attali.
L’Europe « est absente ». Pour l’économiste, dans ce contexte géostratégique, l’Europe « est absente » et doit réagir. « Si nous continuons à nous déchirer, à ne pas exister industriellement, notre déclin est assuré, alors que potentiellement nous avons tous les moyens d’être important, de rester une grande puissance », estime-t-il.
Débattre au moment des élections européennes. « La grande question de 2019 est de savoir si l’on peut rester une grande puissance tout seul ou si cela est possiblement uniquement en étant avec nos voisins européens. Il y a des élections européennes au mois de mai, c’est là qu’il faut en débattre », insiste-t-il. Pour lui, la réponse est toutefois évidente : « Je suis pour la constitution d’un espace démocratique politique militaire et industriel européen. Nous n’avons rien en intelligence artificielle et dans les sujets d’après demain, comme la biogénétique. Seule l’Europe est capable d’être à cette hauteur ».