STOCKS. En 2017, 538 signalements de rupture ou tensions d’approvisionnement ont été recensés en France par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) contre 44 en 2008.
En dix ans, les pénuries de médicaments se sont multipliées par vingt. Pour lutter contre le problème, le ministère de la Santé a dévoilé, ce lundi, ses pistes : un meilleur partage de l’information et une meilleure gestion du « circuit du médicament », du fabricant jusqu’à la pharmacie.
Selon Agnès Buzyn, ces « grandes orientations » constituent « un point de départ » et seront enrichies des propositions des acteurs concernés, pour aboutir à un plan définitif en septembre. « Plus d’un Français sur quatre affirme aujourd’hui avoir été en difficulté pour acheter un médicament courant. Entre 2008 et 2018, c’est près de vingt fois plus de pénuries signalées », avait souligné la ministre de la Santé fin mai.
Remplacement de médicaments, échanges européens et comité de pilotage
Le premier axe de ce plan provisoire vise à « promouvoir la transparence et la qualité de l’information », en généralisant par exemple la plateforme qui permet aux pharmaciens de signaler les ruptures d’approvisionnement au laboratoire concerné. La feuille de route propose aussi « des actions ciblées et adaptées à chacun des acteurs du circuit du médicament », telle que la possibilité donnée par la loi Santé au pharmacien de « remplacer le médicament indisponible initialement prescrit par un autre médicament », lorsque la pénurie concerne un « médicament d’intérêt thérapeutique majeur ».
Elle prône également davantage de « coopération européenne », en poursuivant « les discussions sur l’achat groupé notamment de vaccins essentiels au niveau européen » et un « partage d’information concernant les situations et les causes des pénuries à l’échelle de l’Europe ». Un comité de pilotage sera créé pour assurer la mise en œuvre de ces mesures, associant l’Agence du médicament (ANSM) et « l’ensemble des acteurs concernés » (laboratoires pharmaceutiques, grossistes, associations de patients, etc.) En 2017, 538 signalements de rupture ou tensions d’approvisionnement ont été recensés en France par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), un record en France, contre seulement 44 en 2008.
Des ruptures de stock de vaccins, d’antibiotiques ou d’anticancéreux
Le sujet est devenu très médiatisé, en raison de ruptures de stock portant sur des produits d’utilisation courante ou de première importance, comme des antibiotiques, des vaccins ou des anticancéreux. Ces dernières semaines, ce sont des difficultés d’approvisionnement concernant les corticoïdes qui ont provoqué l’inquiétude de médecins et de patients. En février, le secteur pharmaceutique a publié un « plan d’actions » pour tenter de trouver des solutions à ce problème qui ternit son image.
Présenté par le Leem, la fédération française des industriels du médicament, ce plan propose notamment de définir un ensemble de « médicaments d’intérêt sanitaire et stratégique » pour lesquels des mesures de gestion de pénurie (stocks de sécurité mobilisables, suivi plus précoce des stocks, etc.) devraient être renforcées. Cette recommandation figurait également dans un rapport du Sénat sur le sujet, publié en octobre.