Patrick Balkany : « J’ai horreur de la corruption »



Jugé pour fraude fiscale depuis lundi, le maire de Levallois a tenté de minimiser l’importance de son patrimoine, mercredi.

Un portable sonne dans la salle alors que l’audience s’apprête à démarrer, la mélodie qui retentit est celle des Tontons flingueurs. Le propriétaire sort tranquillement son téléphone de sa poche pour l’éteindre : Patrick Balkany.

L’incident résume l’aplomb du personnage qui se présente à la barre mercredi 15 mai, et dont on comprend vite qu’il n’est pas venu « pour beurrer des sandwichs », comme le disait Bernard Blier dans le film de Georges Lautner. Le président de la 32e chambre correctionnelle du tribunal de Paris n’a pas achevé sa première question que le maire (LR) de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) l’interrompt. « Je vais vous expliquer beaucoup de choses, monsieur le président. »

Voilà qui tombe bien, celui-ci attend beaucoup d’explications. La veille, l’impassible président Benjamin Blanchet avait détaillé le train de vie des époux Balkany, largement supérieur à leurs revenus ; décrit les trois vastes propriétés que le fisc les accuse d’avoir sous-évaluées, voire omises, dans leur déclaration d’impôts ; et évoqué la profusion d’argent liquide dont ils disposaient, incompatible avec leurs retraits bancaires.

Le délit de fraude fiscale concerne plus de 4 millions d’euros d’impôts (sur le revenu ou sur la fortune) non payés entre 2009 et 2014, alors que les actifs du couple ont dépassé 16 millions d’euros certaines années, selon le fisc. Face au tribunal, Patrick Balkany cherche à minimiser son patrimoine, et fait du Patrick Balkany. Hâbleur, souvent tonitruant et parfois maladroit dans ses esquives, ses dénégations, ses exagérations, qu’il ponctue de bons mots à la Audiard : « Ça me fait rire quand on parle de mon magot. Y a pas plus de magot que de beurre en broche ! »

« J’ai horreur de la corruption »

Le beurre en broche, on ne sait pas, mais le magot, lui, a bel et bien existé un jour. Il a notamment permis aux Balkany d’acquérir le moulin de Cossy, à Giverny (Eure), en 1986, et la villa Pamplemousse, à Saint-Martin, dans les Antilles françaises, en 1997. En l’absence de sa femme, Isabelle, toujours hospitalisée, Patrick Balkany explique d’où sort la fortune de ce couple bien né.

La sienne, il la tenait de son père, Gyula, juif hongrois réfugié en France pendant la seconde guerre mondiale, résistant déporté en 1942 – ce que Patrick Balkany tient à prouver en brandissant sa carte de déporté sous le nez du président –, revenu d’Auschwitz en 1945, et devenu riche grâce aux magasins de prêt-à-porter Réty, dans les beaux quartiers de Paris. Outre son héritage et la revente de biens immobiliers, son pactole provient, dit-il, de la cession – « suspecte » selon les juges d’instruction – de ses parts dans l’entreprise familiale, pour 33 millions de francs.

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