La droite européenne a renoncé à exclure le Fidesz, qui est placé sous surveillance. Une solution de compromis à quelques semaines des élections de la fin mai.
Un vieux couple, marié depuis 2004, qui se déchire mais n’arrive pas vraiment à se séparer. C’est l’image que donnaient le Fidesz, la formation du premier ministre hongrois, Viktor Orban, et le Parti populaire européen (PPE), au soir du mercredi 20 mars. M. Orban, qui a multiplié les attaques contre son propre camp, menaçait de claquer la porte. Il ne l’a finalement pas fait, même si la suspension du Fidesz, à défaut de son exclusion, a été votée à une écrasante majorité : 190 des 194 délégués présents à l’assemblée politique, à Bruxelles.
« Il n’y avait pas de majorité pour une exclusion pure et simple », assure une source bien informée. Pour éviter de porter au vote cette option écartée par plusieurs délégations, et risquer, ainsi, d’offrir une victoire symbolique à M. Orban, le président du PPE, Joseph Daul, a peaufiné une solution de compromis avec le Bavarois Manfred Weber, tête de liste du parti paneuropéen pour les élections européennes de la fin mai.
Le Hongrois avait-il présumé de ses forces en tablant sur son maintien au sein du PPE ? « Vous lui demanderez », répondait Joseph Daul. « Quand il a vu l’état du débat au sein de l’assemblée, il a peut-être hésité », commente une autre source. M. Orban a pris la parole en premier mais il est resté sur un discours très défensif tandis que M. Daul donnait largement la parole à l’assemblée.
L’Alsacien, aussi discret qu’influent, a été à la manœuvre au long des dernières semaines, pour répondre à la demande – inédite dans l’histoire du PPE – de treize partis membres qui réclamaient l’exclusion du Hongrois, tout en voulant maintenir l’unité de sa formation à deux mois des élections européennes.
Une commission indépendante
Belges, Néerlandais, Finlandais, Polonais, Luxembourgeois ou Suédois protestaient contre une énième provocation du chantre de l’illibéralisme qui, à la fin février, avait lancé une campagne nauséabonde antimigrants et visé directement sa bête noire, le milliardaire américain d’origine hongroise George Soros, mais aussi Jean-Claude Juncker, président de la Commission de Bruxelles et figure éminente du PPE.