En Normandie, le fiasco de la plus grande route solaire du monde



L’installation pilote, qui s’étend sur 1 kilomètre de départementale à Tourouvre-au-Perche (Orne), n’est ni efficace énergétiquement ni rentable économiquement.

Quelque 2 800 m2 de panneaux photovoltaïques collés sur l’asphalte, sur un tronçon d’un kilomètre de long sur la départementale 5 qui mène à Tourouvre-au-Perche, modeste commune de 3 200 habitants, dans l’Orne. La première « route solaire » de France, inaugurée en décembre 2016 par Ségolène Royal, devait préfigurer le déploiement de cette technologie inédite sur 1 000 kilomètres de voies routières dans l’Hexagone.

Deux ans et demi plus tard, l’effet d’annonce n’a pas résisté à l’épreuve du réel. Amputée fin mai d’une centaine de mètres trop abîmés pour être réparés, la route fait désormais pâle figure avec ses joints en lambeaux, ses panneaux solaires qui se décollent de la chaussée et les nombreux éclats qui émaillent la résine protégeant les cellules photovoltaïques.

« Les ingénieurs de ce projet n’ont sûrement pas pensé aux tracteurs qui allaient rouler dessus », persiflent Pascal et Eric, deux couvreurs du coin accoudés au comptoir du Café de Paris,à Tourouvre-au-Perche, où ils commentent les déboires de cette première route solaire.

En plus d’une usure prématurée des dalles due à la circulation et de leur encrassement en raison des feuilles d’arbres venues y pourrir, le revêtement génère tant de bruit pour les riverains que la vitesse de circulation a dû être abaissée à 70 km/h. Pire, des orages ont fait disjoncter la route.

Loin des 790 kilowattheures (kWh) par jour attendus

Au final, cette dernière est loin d’avoir tenu ses promesses énergétiques. Après avoir produit la première année un peu plus de 50 % des 790 kilowattheures (kWh) par jour attendus, soit un total de 149 459 kWh sur l’année, l’équipement a généré 78 397 kWh en 2018 et 37 900 kWh depuis janvier, comme l’indiquait, début juillet, le relevé de l’association de promotion du photovoltaïque BDPV, qui recense la production d’installations solaires en France.

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Financée par des fonds publics à hauteur de 5 millions d’euros et portée par l’entreprise Colas (groupe Bouygues), la filiale ­Wattway affichait l’ambition de fournir l’équivalent de la consommation annuelle de l’éclairage public d’une ville de 5 000 habitants.

Le directeur général des services du conseil départemental de l’Orne a fait ses comptes : « Les recettes de vente de l’électricité produite par la route devaient nous rapporter 10 500 euros par an, détaille Gilles Morvan. En 2017, nous avons perçu 4 550 euros. En 2018, 3 100 euros, et pour le premier trimestre 2019, nous en sommes à 1 450 euros. »

 

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