Après la mort de Shemseddine, de nombreux commentateurs ont évoqué un « crime d’honneur ». Une notion qui fait écho à la « réputation », la sociologue Margot Déage.
Shemseddine, 15 ans, est mort après avoir été tabassé à la sortie de son collège de Viry-Châtillon. Une affaire pour laquelle quatre jeunes ont été mis en examen pour assassinat. Dans un communiqué évoquant les premiers pas de l’enquête, le procureur d’Évry, Grégoire Dulin, a évoqué lundi 8 avril un différend impliquant la sœur de deux des mis en cause.
Les deux frères ayant appris que « leur sœur correspondait avec des personnes de son âge sur des sujets relatifs à la sexualité », auraient voulu protéger leur réputation et celle de leur famille, écrit le magistrat. Très rapidement, le terme de « crime d’honneur » a été employé dans les médias pour évoquer l’affaire. Le communiqué de presse n’emploie en revanche pas cette expression, la notion n’existant pas en droit français.
Amnesty International explique de son côté que si la plupart des « crimes dits d’honneur » sont « perpétrés dans les pays musulmans ou au sein des communautés d’immigrés musulmans (…) l’islam ne préconise pas la peine de mort pour inconduite liée à l’honneur et beaucoup de dirigeants islamiques condamnent cette pratique ». Contactée par Le HuffPost, la sociologue, Margot Déage rappelle qu’historiquement, le « crime d’honneur » n’est pas la spécificité d’une religion : « On a aussi des travaux qui montrent des différences de prévalences des « crimes d’honneur » aux États-Unis, entre le Nord et le Sud. Jusque dans les années 70/80, dans de nombreux pays occidentaux, le droit excusait au moins en partie les crimes d’honneur ».
Les mis en cause avaient-ils cette notion en tête ? Leur avocat réfute en l’état toute préméditation. D’un point de vue sociologique, surtout la notion de « crime d’honneur » se retrouve à un carrefour avec la notion de « réputation », explique à nouveau la sociologue et autrice À l’école des mauvaises réputations (PUF, 2023).