Les théories du complot ont particulièrement profité du phénomène de dérégulation du marché de l’information que représente Internet. En effet, si elles n’ont pas attendu l’apparition du Web pour exister, elles étaient auparavant souvent confinées dans des espaces de radicalité. Cette dérégulation leur a permis d’essaimer dans l’espace public, d’autant que leurs défenseurs sont souvent plus motivés à faire valoir leur point de vue.
Par ailleurs, le marché de l’information tel qu’il s’est constitué est caractérisé par la possibilité pour tous de verser une information dans l’espace public. Cette situation a beaucoup accru la pression concurrentielle sur ce marché. Mécaniquement, cette pression a augmenté la vitesse de diffusion des informations non sélectionnées, et ceci est favorable à la vitalité des croyances. La crédulité contemporaine a su, par ailleurs, maximiser les possibilités offertes par les nouvelles technologies de l’information pour augmenter leur audience en permettant notamment d’agréger les différents arguments venant en renfort des théories les plus loufoques. Ces « théories », et l’on verra que ce terme mérite d’être mis entre guillemets, sont soutenues par nombre d’éléments argumentatifs. Le plus souvent, ces arguments sont très fragiles mais leur accumulation donne au tout une impression de solidité. Ce sont ces pseudo-démonstrations par adjonction d’arguments que je propose d’explorer dans cette contribution.
Le recours aux produits « fortéens »
La pensée conspirationniste peut convoquer des arguments parfaitement incohérents entre eux et ne vise pas toujours, au moment où elle se développe, une thèse rendant compte des anomalies qu’elle croit pouvoir déceler dans la version officielle des événements. Ce qui paraît motiver son obsession, c’est de trouver des indices, des incohérences dans les faits et de les accumuler par un travail souvent collectif, mais non coordonné, afin d’aboutir à un appareil argumentatif d’un genre nouveau que je propose de nommer les produits fortéens. En effet, les théories conspirationnistes procèdent le plus souvent par une accumulation parfois un peu aveugle de doutes, ainsi que proposait de le faire Charles Hoy Fort (1874-1932).
Quel Gloubi-boulga ! à part charlie hebdo, de quelle « théorie » parle-t-il? la théorie du passe sanitaire qui allait s’arrêter le 15 novembre? J’en ris encore, vous en faites des efforts surhumains ici pour nier l’évidence.
On a le covidisme pour explorer ce qui est vraiment vecteur de crédulité, la tonne de mesures liberticides prises sert de « mille-feuille argumentatif » d’autorité de dingue, surtout avec les justifications pseudo-scientifiques grattées par quelques mathématiciens vite fait sans revue par les pairs, pour asséner le premier dogme covidiste : « si on a fait tout ça, c’est bien la preuve que c’est grave ».