Dans un entretien à la presse, le prince héritier d’Arabie saoudite a affirmé qu’il « n’hésitera pas » à réagir à toute menace contre le royaume.
Deux jours après le sabotage de deux pétroliers en mer d’Oman, le prince héritier d’Arabie saoudite est passé à l’offensive, proférant menaces et accusations. Dans une interview au quotidien arabophone Asharq al-Awsat – dont des extraits ont été publiés dans la nuit de samedi 15 à dimanche 16 juin –, Mohamed ben Salman, dit « MBS », a ainsi accusé l’Iran, grand rival de son pays dans la région, d’être responsable de l’attaque contre les deux tankers.
« Le régime iranien n’a pas respecté la présence du premier ministre japonais à Téhéran et a répondu à ses efforts [diplomatiques] en attaquant deux pétroliers, dont l’un était japonais. »
L’Iran, également accusé par les Etats-Unis de ces attaques, a nié avec véhémence toute implication.
Les attaques sont survenues près du détroit d’Ormuz, par lequel transite le tiers du pétrole transporté par voie maritime dans le monde. Elles ont visé jeudi un navire japonais transportant du méthanol et un pétrolier chypriote transportant du naphta, au moment où le chef du gouvernement japonais Shinzo Abe était en visite à Téhéran dans l’espoir d’apaiser les tensions entre Iran et Etats-Unis.
Une escalade des tensions
Le prince a ajouté que le royaume wahhabite ne souhaitait pas qu’une guerre éclate dans la région mais que Riyad n’hésiterait pas à riposter aux attaques. « Nous n’hésiterons pas à réagir à toute menace contre notre peuple, notre souveraineté, notre intégrité territoriale et nos intérêts vitaux. »
L’Arabie saoudite a réclamé samedi que des mesures soient prises en urgence pour assurer la sécurité du transport maritime dans le Golfe, alors que quatre navires avaient déjà été victimes d’explosions similaires au large des Emirats le 12 mai dernier.
Le ministre saoudien de l’énergie, Khaled al-Falih, avait quant à lui demandé plus tôt samedi « une réponse prompte et décisive aux menaces sur les approvisionnements en énergie » découlant des « récents actes terroristes ».
Un message envoyé à la Turquie
Revenant sur l’affaire Jamal Khashoggi, MBS a mis en garde « tous ceux qui exploitent » la mort du journaliste saoudien à l’intérieur du consulat de son pays à Istanbul. Les rapports entre la Turquie et l’Arabie saoudite se sont tendus depuis cette affaire. Des responsables turcs ont été les premiers à affirmer que le journaliste disparu début octobre avait été victime d’un homicide, pressant les Saoudiens de dire où était passé son corps, jamais retrouvé.
« La mort de Jamal Khashoggi est un crime très douloureux », a affirmé le prince héritier saoudien. « Tous ceux qui exploitent l’affaire d’un point de vue politique devraient arrêter de le faire, et présenter des preuves au tribunal, ce qui contribuera à rendre justice. »