Magistrate attaquée : pourquoi une enquête pour «tentative d’assassinat» a été ouverte



Magali Tabareau a semble-t-il été visée par une arme similaire à un flash-ball. Le parquet admet vouloir se saisir de toutes les procédures possibles.

Ne se fermer aucune porte. Le parquet de Versailles (Yvelines) assume largement son choix, ce mardi, d’avoir ouvert une enquête pour « tentative d’assassinat » à la suite de l’agression violente, samedi, de Magali Tabareau.

Cette magistrate, l’une des présidentes de la cour d’assises des Yvelines, a été visée à la tête alors qu’elle se trouvait à la fenêtre de son propre domicile, situé dans une petite commune du nord du département. Les plaies qu’elle présentait au niveau du plancher orbital laissent penser qu’elle a été la cible d’une arme similaire à un flash-ball.

Doute sur l’arme utilisée

Sur les réseaux sociaux, certains internautes y ont vu, peut-être un peu vite, un lien avec les manifestants blessés par les lanceurs de balle de défense (LBD) des forces de l’ordre, en marge, notamment, du mouvement des Gilets jaunes. Et ont pu dénoncer ce qu’ils considéraient comme une inégalité de traitement.

Joint par Le Parisien, le parquet rappelle qu’un doute subsiste quant à l’arme utilisée. En fuite, les deux suspects n’ont pas été filmés ou observés par un témoin au moment des faits. La victime, qui reçoit des soins, n’avait, elle, toujours pas été entendue mardi soir, alors qu’elle semble être la seule en mesure de décrire la scène.

« Pas de débat »

Dans ce contexte, la charge de « tentative d’assassinat » permet de recourir à un large dispositif de procédures pénales. « Il n’était pas question de se priver de procédés d’enquête », fait valoir Maryvonne Caillibotte, procureure de la République à Versailles.

Même si elle refuse de « commenter » ses décisions, la magistrate rappelle qu’un certain nombre d’« éléments objectifs » permettaient de retenir une qualification criminelle, selon la jurisprudence. Et notamment la zone visée par l’arme, celle du visage et des yeux, particulièrement vulnérable. Quant à l’arme elle-même, « il n’y a pas de débat à avoir : même un tournevis peut être létal », appuie un autre magistrat du tribunal de grande instance de la ville.

« Il est normal qu’un procureur ouvre au plus haut, approuve le magistrat honoraire Serge Portelli, un temps président de chambre près la Cour d’appel de Versailles. Rien n’empêche, plus tard, de redescendre en correctionnel ». Et de décrire, non pas un « traitement de faveur », mais une « mesure de précaution » justifiée.

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