En novembre dernier, Benyamin Netanyahou, 70 ans, était officiellement inculpé par la justice de son pays pour corruption, fraude et abus de confiance.
Trois affaires sont au programme. Le dirigeant est tout d’abord accusé d’avoir accordé des faveurs gouvernementales au site d’information Walla, en échange d’une couverture médiatique favorable. La seconde affaire concerne des pots de vin qu’aurait reçu le premier ministre de la part de plusieurs riches personnalités : au total près de 185.000 € auraient été perçus (en bijoux, champagnes et autres cigares de luxe) en échange de faveurs financières et personnelles. Enfin, la troisième affaire concerne une tentative de corruption du plus grand journal payant du pays, Yediot Aharonot ; en échange d’une loi favorable (loi qui n’a finalement jamais été votée), le quotidien devait brosser une image positive du premier ministre.
À trois mois de nouvelles élections législatives (pour la troisième fois en un an), le chef de l’état israélien a décidé de réclamer l’immunité à la Knesset. Il devra cependant patienter jusqu’au prochain scrutin, puisque le parlement a justement été dissous dans le but de convoquer un vote anticipé.
Son principal rival pour les prochaines élections, le non moins libéral Benny Gantz, a réagi à cette revendication en arguant qu’en « Israël, personne n’est au-dessus de la loi». Pour lui, il n’y a aucun doute, « Netanyahou sait qu’il est coupable ». Du côté de l’opposition, Ayman Odeh, dirigeant du parti écosocialiste et anti-sioniste Hadash, ironisait sur cette affaire en appelant les gens à se faire vacciner pour obtenir « l’immunité contre la grippe et non contre la corruption ».
D’après la loi israélienne, tout ministre mis en examen doit démissionner de ses fonctions. Néanmoins, cette mesure ne s’applique pas au premier ministre, et Netanyahou, en place depuis 2009, n’est donc pour l’instant pas inquiété. Certains juristes se sont cependant interrogés sur la légitimité du dirigeant à former un gouvernement après ces graves accusations et ont demandé à la Cour suprême de statuer sur ce point. L’accusé, lui, « n’imagine pas un instant que la Cour suprême d’Israël tombe dans ce piège. Dans une démocratie, seul le peuple décide qui peut le diriger et personne d’autre». Il serait de bon ton de rappeler au dirigeant israélien que dans une démocratie, c’est au contraire le peuple qui dirige et personne d’autre…
Investi largement avec 72% des voix par la primaire de son parti, le Likoud, Netanyahou commence pourtant à perdre du terrain sur Benny Gantz d’après les sondages. Ces déboires ne sont pas sans rappeler les différentes accusations portées sur l’ancien chef de l’État français, Nicolas Sarkozy. En effet, ce dernier avait été cité dans pas moins de dix feuilletons judiciaires. S’il n’a toujours pas été condamné, l’ex président de l’hexagone avait néanmoins été déchu face à François Hollande à la suite de ces différentes accusations. Netanyahou pourrait bien connaître le même destin en mars prochain, après 13 ans à la tête de son pays.
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