Sur BFM, la ministre de l’industrie, Agnès Pannier-Runacher, a invité les français à ne pas s’enfermer dans le « non-travail », avant d’affirmer que le chômage massif était dû à une surabondance « d’offres d’emploi par rapport à la demande».
Dans une nouvelle démonstration de propagande néolibérale, la ministre de l’industrie s’est empressée de faire la morale aux français, le pied confortablement mis à l’étrier par un présentateur complaisant de BFMTV. Celle qui voyait dans la crise du covid une opportunité de faire des « bonnes affaires en bourse » a par ailleurs une nouvelle fois défendu la réforme de l’assurance chômage.
Trop d’offres par rapport à la demande, vraiment ?
Il faudrait presque se pincer pour être sûr de ne pas rêver. En effet, pour la ministre de l’industrie, le problème de l’emploi « c’est qu’il y a trop d’offres par rapport à la demande ». Dans les faits, c’est pourtant complètement l’inverse : 5.9 millions de français seraient à la recherche d’un emploi (sans compter ceux qui ne sont plus inscrits dans les fichiers). Les offres, quant à elles, tournent autour de 700.000 disponibles. Il faut également ajouter à cela que 70% des embauches sont des contrats courts, souvent de quelques jours à peine.
Le retour des fainéants ?
Macron l’avait pourtant déjà annoncé, il ne cédera rien aux fainéants. C’est sans doute le sens de sa réforme de l’assurance chômage, partiellement retoquée par le conseil d’État, mais qui entre en vigueur ce 1er juillet et plongera des milliers de Français dans la détresse. Et pourtant, comme le montre les chiffres, le problème du chômage est bien structurel. Il sera d’ailleurs aggravé par la réforme des retraites projetée par LREM et qui pourrait repousser l’âge du départ à 64 ans. Au lieu de partager le temps de travail pour résorber la crise, notre génial gouvernement s’attèle donc à accaparer l’emploi par les séniors encore plus longtemps.
Les salariés sont-ils assez incités à reprendre le travail? « Il ne faut pas s’enfermer dans le non-travail, c’est aussi le sens de la réforme de l’assurance chômage »
💬 @AgnesRunacher (Ministre déléguée chargée de l’Industrie)
🎙@chrisjaku pic.twitter.com/7AGTzp5hDh
— BFM Business (@bfmbusiness) June 29, 2021
La leçon de morale avec la complaisance de BFM
Et le pire dans cette histoire, c’est que non content de créer structurellement le chômage et de mentir sur ses causes, la petite « élite » politico-médiatique se permet de faire la morale au peuple français. Il faut dire qu’à BFM, pour les néolibéraux, la soupe est servie chaude, il n’y a plus qu’à s mettre à table.
«Est-ce qu’on n’a pas parfois trop aidé ?» s’est ainsi demandé le journaliste de BFM, avant de poursuivre : «Les gens n’ont plus envie de travailler. Ils ont goûté au repos, à une forme de chômage partiel et ils ne sont pas pressés de reprendre le travail.»
On imagine bien Agnès Pannier-Runacher, fille de bourgeois, passée par l’ENA et HEC, venir expliquer à un ouvrier qu’il ne doit pas « s’enfermer dans le non-travail » parce qu’il refuse d’accepter une offre d’emploi avec des horaires de nuit, le tout à 80km de chez lui. Après tout, le gueux n’a qu’à déménager et s’adapter. À moins qu’il ne soit un peu trop gaulois réfractaire ?
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