Le premier secrétaire du PS a révélé une note, portant l’en tête de l’Assemblée nationale, dans laquelle Jean-Marie Girier trace la feuille de route de la majorité pour les municipales. Olivier Faure accuse LREM de détournement de fonds publics.
Alors que les élections municipales approchent à grands pas, et devraient se tenir courant mars 2020, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, s’est offusqué, le 4 juillet, d’un article du Point intitulé «Comment Macron veut liquider le PS». Il raconte comment Jean-Marie Girier, directeur du cabinet de Richard Ferrand, ancien directeur de cabinet de Gérard Colomb à Lyon et à l’Intérieur, également directeur de la campagne d’Emmanuel Macron en 2017, qui avait donné son assentiment pour le recrutement d’Alexandre Benalla, a rédigé une note à en-tête de l’Assemblée nationale, datée du 21 juin, appelant à «viser les maires les maires socialistes sortants».
«Si j’en crois cet article, il n’y a visiblement pas qu’au RN et au Parlement européen qu’on détourne les fonds publics à des fins partisanes. J’appelle Richard Ferrand à faire tout la clarté sur cette affaire», a expliqué sur Twitter le députée de Seine-et-Marne.
Si j’en crois cet article, il n’y a visiblement pas qu’au #RN et au parlement européen qu’on détourne les fonds publics à des fins partisanes. J’appelle @RichardFerrand à faire toute la clarté sur cette affaire. pic.twitter.com/CDm8g2Uxum
— Olivier Faure (@faureolivier) 4 juillet 2019
Plus tard dans la journée, l’ancien porte-parole du PS a publié, toujours sur le réseau social, la fameuse note dont faisait état le magazine dans son papier. «Voici la note du directeur de cab[inet] du [président] de l’[Assemblée nationale] Richard Ferrand. Où l’on découvre qu’au-delà de l’[Assemblée nationale], les membres des cabinets ministériels servent à d’autres missions que celles pour lesquelles ils sont payés. Les barbouzes de la République ça continue, un an après Benalla !», a-t-il commenté.
Voici la note du directeur de cab du pdt de l’AN @RichardFerrand. Où l’on découvre qu’au delà de l’AN, les membres des cabinets ministériels servent à d’autres missions que celles pour lesquelles ils sont payés. Les barbouzes de la République ça continue, un an après #Benalla ! pic.twitter.com/MllTTbvqnU
— Olivier Faure (@faureolivier) 4 juillet 2019
Les sénatoriales en ligne de mire
Le texte comporte trois pages et s’organise autour de trois points : «Faire le choix de la souplesse organisationnelle», «Un calendrier symbolique et resserré pour la nécessaire prise en considération pour les investitures aux élections municipales» et «Une task-force [force d’intervention] pour «chasser» les maires. Selon le document cette force d’intervention serait dirigée par Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères et ancien membre du PS, qui pourrait être accompagné de «plusieurs têtes chercheuses» parmi lesquelles Florent Boudie, député de la Gironde, Hélène Geoffroy, maire PS de Vaulx-en-Velin (Rhône), Frédérique Espagnac, sénatrice socialiste des Pyrénées-Atlantiques ou encore Gilles Savary, ancien député PS de la Gironde.
A ceux-ci s’ajouteraient Baptiste Prudhomme, conseiller politique et parlementaire au Quai d’Orsay, Maxance Barre, conseiller politique d’Emmanuel Macron, Jean-Marie Girier, Yedidia Levy Zauberman, chef de cabinet du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et Guillaume Macher son homologue au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Ceux-ci composeraient un «cercle opérationnel macroniste» ayant pour mission de «traiter [avec] les maires socialistes».
«Dès le mois de septembre, les anciens parlementaires et les élus en place pourraient méthodiquement faire remonter des propositions de soutien ou d’investiture de candidats issus du Parti socialiste en vue des élections municipales», peut-on lire dans la note. En réalité les stratèges de LREM jouent d’ores et déjà le coup d’après : les élections sénatoriales.
La chambre haute, actuellement dirigée par Gérard Larcher, est majoritairement composée d’élus des Républicains (146 sur 348), et les membres de LREM, au nombre de 23, ne pèsent donc pas lourd au palais du Luxembourg. De plus, depuis la commission d’enquête diligentée après l’affaire Benalla, le Sénat n’est pas en odeur de sainteté auprès du gouvernement. Certains, à l’instar d’Aurore Bergé, porte-parole de LREM, avaient fustigé la décision de mettre en place cette commission, la définissant comme «un précédent […] dangereux». Le Premier ministre, Edouard Philippe, avait même déclaré, sur le perron de Matignon, avoir été «déçu» par le comportement des sénateurs.