Les comptes de la Sécurité sociale ne seront pas à l’équilibre, comme c’était pourtant prévu cette année. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn a estimé que « le retour à l’équilibre des comptes de la Sécurité sociale, qui était attendu en 2019, était compromis » . En septembre dernier, le gouvernement se félicitait que les comptes de la Sécurité sociale soient de nouveau dans le vert après 18 ans de déficit. Dans la loi de finances votée début décembre, il tablait même sur 100 millions d’euros d’excédent. Oui mais voilà, la crise des « gilets jaunes » est passée par là. Et les mesures d’urgence annoncées fin décembre pour répondre à la colère des Français ont changé la donne, assure Agnès Buzyn. Le gouvernement est face à un casse-tête : trouver au moins dix milliards d’euros pour financer ces mesures.
Il va donc piocher dans le budget de la Sécurité sociale. C’est assez logique, car dans la Sécurité sociale, une grosse partie est affectée aux retraites. Et parmi les mesures « gilets jaunes », il y a la baisse du taux de CSG pour certains retraités. Il a aussi l’avancement au 1er janvier – au lieu du 1er avril – de l’exonération de cotisations sociales sur les heures supplémentaires – et notamment la cotisation maladie. Rien que pour ces deux dispositifs, la Sécu va devoir se priver de plus de 2,5 milliards d’euros de recettes.
Est-ce que l’Etat va compenser ce manque à gagner ? Pour le moment, on en sait rien, répond la ministre. Mais une chose est sure, le retour à l’équilibre des comptes n’est pas pour tout de suite. Est-ce que ce sera à horizon 2020, 2021 ? On ne sait pas.
Une dégradation des comptes de la Sécurité qui pourrait pénaliser les futures réformes
Le gouvernement s’en défend mais oui, il y a des chances car ça limite ses marges de manoeuvre pour un certain nombre de dossiers : notamment la réforme de la dépendance, une loi est prévue normalement pour la fin de cette année. Le gouvernement dit qu’il tiendra son calendrier mais c’est une réforme lourde à mettre en place. Car avec le vieillissement de la population, le nombre de personnes âgées en situation de perte d’autonomie devrait doubler d’ici à 2060, pour atteindre plus de 2,5 millions. Beaucoup sont prises en charge dans des EHPAD, des maisons spécialisées et médicalisées. Le besoin de financement est énorme puisqu’on estime que la perte d’autonomie coûte aujourd’hui 30 milliards d’euros par an, soit 1,4 point de PIB. Pour y faire face, Emmanuel Macron avait promis en juin dernier la création d’un 5e risque couvert par la Sécurité sociale – à coté des quatre autres, que sont la retraite, la santé, la famille, et les accidents du travail – Mais avec des comptes de la Sécurité sociale déficitaires, il va peut-être être obligé de revoir ses ambitions à la baisse. Pour l’instant rien n’est arrêté, Agnès Buzyn termine tout juste une concertation.