Après avoir capturé 287 fugitifs de Daech, le président turc, Recep Erdogan, a prit la décision de renvoyer ces terroristes occidentaux dans leurs pays respectifs. Parmi eux, onze français. Le Quai d’Orsay a assuré maîtriser la situation. Les relations entre la Turquie et la France ne sont pas au beau fixe.
« La Turquie n’est pas un hôtel pour les combattants de l’EI […] Inutile de courir dans tous les sens, nous allons vous les renvoyer. Ils sont à vous, faites-en ce que vous voulez » a affirmé le ministre de l’intérieur turc Süleyman Soylu. La Turquie a récemment réprimandé ses alliés occidentaux pour leur manque de réactivité quant à la récupération de leurs ressortissants terroristes.
De ce fait, elle a commencé à renvoyer les prisonniers de l’EI dans leurs pays respectifs. Parmi eux, un Allemand, un Danois et un Américain. Onze d’entre eux seront rapatriés vers la France début décembre, c’est ce que vient d’annoncer Ankara. Les Français vont ils apprécier la décision ? Pas sûr.
La France doit refuser le rapatriement des enfants nés en Syrie de parents djihadistes. Ces mêmes parents terroristes qu’on aurait dû déchoir de leur nationalité française.
➡️ Le porte-parole de Racines d’Avenir, @PaulNafilyan, débattait hier sur @RTenfrancais pic.twitter.com/SbQ2G3ehIP— Erik Tegnér (@tegnererik) 27 octobre 2018
Le Quai d’Orsay prend ses précautions…
À Paris, le Quai d’Orsay a tenu à rassurer les Français en précisant que des rapatriements de « djihadistes » se font fréquemment depuis la Turquie dans le calme et le bon ordre. En effet, ils sont arrêtés dès leur descente de l’avion et présentés devant un juge, selon le « Protocole Cazeneuve ». Un rapport affirme que la majorité des rapatriements concernent souvent des femmes.
Les tartuferies de la « Coalition Internationale »…
Après avoir causé la ruine en Syrie, et annoncé la mort du chef de l’EI Abou Bakr El Baghdadi, Donald Trump a enfin décidé de retirer ses troupes du Nord-Est de la Syrie, reprochant à ses alliés de ne pas faire beaucoup d’efforts sur le terrain. « C’est quelque chose auquel le Président Trump a œuvré : recevoir à la fois de nos partenaires et nos alliés de la coalition des troupes au sol et une présence aérienne, et des rentrées d’argent pour stabiliser la région » affirme le gouvernement américain.
C’est un procédé bien connu chez les américains, un cercle vicieux interminable : mener une politique interventionniste dans les pays représentant une source d’intérêt pour eux, y établir le chaos, piller, puis apporter des solutions pour s’auto-proclamer « sauveurs du monde ».
D’ailleurs, Thomas Friedman, l’un des plus influents journalistes américain, éditorialiste au New York Time et grand partisan de la guerre contre la Yougoslavie a déclaré : « Il y a une idée sur laquelle chacun semble d’accord : « Vaincre Daesh ! » comme l’a exprimé le secrétaire d’État Tillerson. Laissez-moi poser juste une question : pourquoi? Il est temps pour Trump d’être Trump : extrêmement cynique et imprévisible. Il lui faut vaincre Daesh en Irak. Mais pourquoi en Syrie ? En Syrie, il devrait laisser Daesh être le cauchemar d’Assad, de l’Iran, de la Russie et du Hezbollah. Exactement comme nous avons encouragé les moudjahidines à saigner la Russie en Afghanistan » (extrait du livre de Michel Collon, « Les 100 pires citations des États-Unis »).
De son coté, Emmanuel Macron, s’est exprimé récemment suite à la mort du chef de Daech. Précisons tout de même que selon le Stockholm International Peace Research Institute, la France est le troisième exportateur d’armes au monde. Elle vend notamment une grande partie de son armement à l’Arabie Saoudite, pays pionnier du dogme terroriste.
La mort d’al-Baghdadi est un coup dur porté contre Daech, mais ce n’est qu’une étape. Le combat continue avec nos partenaires de la coalition internationale pour que l’organisation terroriste soit définitivement défaite. C’est notre priorité au Levant.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 27 octobre 2019
La position Turque critiquée
Depuis 2011, date marquant le début du conflit en Syrie, la Turquie a longtemps été critiquée pour avoir laissé passer des terroristes via ses frontières. En 2015, elle rejoint la coalition « antidjihadiste ». Mais Ankara a été très critiquée ces derniers temps pour avoir mené une offensive dans le Nord de la Syrie contre la milice Kurde des Unités de Protection du Peuple (YPG), car elle refuse de les laisser s’installer près de la frontière turque, craignant pour son intégrité territoriale. Il s’agissait donc d’une attaque dite « préventive ».
La France a donc fermement condamné cette offensive contre les Kurdes, alliés de la coalition. Mais le chef de la Diplomatie Turque, Mevlüt Anadolu n’a pas manqué de répondre à Emmanuel Macron, sans aucune langue de bois : « De toute façon, il (Macron) est un parrain de l’organisation terroriste. Il les reçoit régulièrement à l’Élysée ».
La Turquie qualifie Macron de «parrain» du terrorismehttps://t.co/JziwNSzKdk pic.twitter.com/fjFVI1rB5e
— Sputnik France (@sputnik_fr) 29 novembre 2019
Emmanuel Macron et Angela Merkel ont appelé ensemble la Turquie à cesser son opération contre les forces kurdes en Syrie, qui « risque de créer une situation humanitaire insoutenable et d’aider Daech à réémerger » #AFP pic.twitter.com/cEPt0LElED
— Agence France-Presse (@afpfr) 13 octobre 2019
De la chute de Saddam Hussein voulue par les Etats-Unis et Israël est né l’Etat Islamique, appuyé en sous-marin par les puissances occidentales pour déstabiliser cette région riche en pétrole et en gaz. Le but étant de pouvoir se servir tout en pénalisant lourdement l’Iran, la Syrie et au delà : la Russie et la Chine. Dans le grand échiquier mondial, les puissances occidentales ont joué avec le feu et elles doivent désormais faire face au retour de flamme de cette stratégie : accueillir chez elles le fruit de leur politique du pire. Le prix politique à payer sera élevé, sans parler des conséquences à long terme sur l’équilibre intérieur de ces nations. Mais qu’en est-il du chaos laissé en Irak et en Syrie ? Qu’adviendra t-il des générations sacrifiées par cette guerre de nouvelle génération expérimentée en Syrie, faite sournoisement par milices interposées ?
Cette guerre déclenchée par des stratèges à l’autre bout du monde, loin du sang et des larmes, a t-elle seulement été programmée pour avoir une fin ? Rien n’est moins sûr.
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