Seul le magasin de Paris, boulevard de Rochechouart, sera conservé. Les 92 autres seront fermés ou basculés sous l’enseigne Gifi.
Philippe Ginestet siffle la fin de Tati. Le fondateur du groupe GPG, qui exploite les magasins Gifi, a annoncé, mardi 16 juillet, la quasi-disparition de l’enseigne Tati, qu’il avait reprise en juin 2017 à la barre du tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis). A l’époque, il avait promis aux salariés de conserver tous les magasins pendant deux ans, sans procéder à un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). « Au jour près, il a attendu la fin de ce délai » pour agir, s’étrangle Céline Carlen, représentante de la CGT-Commerce de Paris.
Le groupe GPG, qui revendique 1,4 milliard d’euros de chiffre d’affaires, projette de fermer treize magasins Tati, d’en transformer une trentaine pour lancer une enseigne de déstockage et d’en basculer quarante-neuf sous sa propre marque, Gifi.
L’enseigne Tati, fondée en 1948 par Jules Ouaki, ne flottera plus que sur son adresse historique, dans le 18e arrondissement de Paris, boulevard de Rochechouart. Ces mesures entraîneront 189 suppressions d’emplois lors d’un PSE, précise le groupe aux 9 500 employés. GPG promet d’en reclasser au sein de ses 845 Gifi.
« Procédé déloyal », selon la CGT
Ce projet de PSE a été dévoilé lors d’un comité social et économique (CSE) convoqué mardi à La Plaine-Saint-Denis sur un ordre du jour consacré à la seule réorganisation des magasins Tati. En fait, le plan concerne aussi les effectifs des entrepôts et du siège social de Tati, situé à Saint-Denis.
« Ce procédé déloyal », selon la CGT, a cueilli à froid les représentants du personnel. D’autant qu’au printemps 2017 M. Ginestet, en promettant de « conserver l’enseigne » et d’investir pour « retrouver l’ADN » de ce bazar aux plus bas prix, avait obtenu le soutien de la majorité des 1 700 salariés Tati. Son discours avait fait mouche, car, rappelle Mme Carlen, « les salariés sont très attachés à Tati ».
En pleine campagne pour l’élection présidentielle, la promesse de maintenir l’enseigne Tati et de poursuivre l’exploitation des magasins historiques du 18e arrondissement de la capitale avait aussi séduit la conseillère de Paris Myriam El Khomri, élue (PS) de l’arrondissement. Celle qui était alors ministre du travail au sein du gouvernement de Bernard Cazeneuve avait reçu les délégués syndicaux, en mars 2017, rue de Grenelle, peu après l’annonce de la mise en vente de Tati par le groupe Eram.