« Amplifier le mouvement social », c’est l’objectif de la journée de grève lancée mardi 19 mars à l’appel de la CGT et FO, rejoints par plusieurs syndicats étudiants. Quatre mois après le début de la crise des Gilets jaunes, la défense du pouvoir d’achat est au centre des revendications. Ouest-France fait le point sur les perturbations annoncées.
Malgré l’initiative du gouvernement de proposer aux Français un Grand débat national, dont les consultations se sont achevées vendredi 15 mars, les syndicats ne comptent pas relâcher la pression sur les questions sociales. Le 13 février dernier, la CGT, Force ouvrière, Solidaires et les organisations étudiantes UNL et Unef avaient appelé à une journée de grève ce mardi 19 mars.
Lors de cette rare journée commune de mobilisation, ils espèrent faire entendre leurs revendications sur le pouvoir d’achat, quatre mois après le début de la mobilisation des Gilets jaunes. Le mouvement de grève touchera aussi bien le public que le privé afin d’« amplifier le mouvement social », affirment-ils.
« Nous avons de très bons échos de la mobilisation », s’est félicité le président de FO, Yves Veyrier, il y a quelques jours devant la presse. « Nous sommes déterminés à nous mobiliser car nous ne voulons pas être spectateurs, ni caution de décisions qui pourraient être prises en matière sociale à l’issue du grand débat », a-t-il fait valoir.
« Évidemment », si les autres organisations « s’étaient associées, cela aurait donné plus de force », a regretté le leader syndical à propos de la CFDT, devenue il y a trois mois le premier syndicat français tous secteurs confondus, de la CFE-CGC et de la CFTC.
Lors de la dernière grande journée de mobilisation sociale le 5 février, près de 300 000 personnes avaient manifesté dans 200 villes selon les organisateurs, 137 200 d’après le ministère de l’Intérieur. Les cortèges s’étaient formés à l’appel notamment de la CGT, mais aussi avec la participation de Gilets jaunes.
Où et quand aura lieu le rassemblement à Paris ?
À Paris, les manifestants – salariés du privé, agents publics, étudiants, lycéens – défileront du boulevard Saint-Michel au Champ-de-Mars à partir de 13 h, avec en tête Philippe Martinez pour la CGT (2e syndicat français) et Yves Veyrier pour FO (3e).
« Les retours nous montrent que l’on devrait organiser des manifestations dans tous les départements », a estimé ce lundi, Yves Veyrier.
La CGT a mis en ligne sur son site internet une « carte de la mobilisation » recensant les points de rassemblements prévus.
Quelles sont les revendications ?
Selon un communiqué de la CGT, « depuis plusieurs semaines, les questions de pouvoir d’achat (et donc des salaires), de justice fiscale, d’accès aux services publics sont clairement posées sous différentes formes d’expression », mais « le gouvernement reste enfermé dans ce qu’il pense être un « véritable débat » ». La centrale de Montreuil « compte placer le débat où il doit être », notamment par « des actions dans l’entreprise et dans la rue ».
« Le 19 mars, nous voulons exprimer de manière claire et forte sur le terrain nos analyses, nos revendications », a expliqué pour sa part Yves Veyrier, en particulier sur la question des salaires, du service public, la question fiscale, la transition écologique et les retraites.
FO demande en particulier une revalorisation du Smic pour qu’il atteigne 80 % du salaire médian, soit 1 450 € mensuels net, et l’ouverture de négociations au niveau interprofessionnel permettant d’aborder l’ensemble de ses revendications. De son côté, la CGT réclame notamment un Smic à 1 800 € brut, la revalorisation de toute l’échelle des salaires, et des pensions de retraite au minimum à 1 200 € net.
FO s’oppose également au remplacement de la Sécurité sociale par un système d’assistance « a minima » financé par l’impôt, et s’oppose « à tout nouveau recul des droits en matière de retraite ». Elle prône aussi le rétablissement d’un système fiscal basé sur un impôt progressif et l’allégement de la fiscalité sur les ménages via la fiscalité indirecte.
Les organisations appelant à l’action ce mardi n’oublient pas « les jeunes », pour qui « les difficultés ne cessent de croître ». La « réforme du lycée et de la voie professionnelle », la « progression de la précarité étudiante » et le « gel des prestations sociales ne font qu’attaquer le droit d’étudier », soulignent-elles.
Les transports vont-ils êtres perturbés ?
À la SNCF, « il n’y aura aucun impact. Le trafic sera normal partout, y compris les TER (train express régional) », a indiqué un porte-parole du groupe ferroviaire. Du côté de la RATP, « le trafic sera quasi normal pour les bus et normal pour les métros, RER et tramways », a précisé un porte-parole de la régie.
À la RATP, la CGT a également appelé les conducteurs d’autobus à faire la grève de mardi à jeudi, à l’occasion de l’examen au Sénat du projet de loi d’orientation des mobilités (LOM). Ce texte porte notamment sur les conditions sociales de l’ouverture à la concurrence des lignes d’autobus de la régie en Ile-de-France, prévue à partir du 1er janvier 2025.
Le mouvement de grève devrait être suivi à Rennes, où de nombreuses lignes de bus pourraient être perturbées. En revanche, le métro y fonctionnera normalement.
Et les établissements scolaires ?
Des répercussions sont à prévoir sur le fonctionnement des écoles. Des services municipaux, comme l’accueil périscolaire ou la cantine ne seront pas assurés partout. Chaque commune ayant la charge de prévenir quel service sera mis en place.
Les professeurs des écoles doivent annoncer à l’avance s’ils comptent participer, ou pas, à un appel à la grève. Les réponses compilées par les antennes départementales du Snuipp-FSU, premier syndicat dans le primaire, indiquent que quatre enseignants sur dix entendent se mettre en grève mardi.
La grève s’annonce très suivie dans les écoles rennaises, une vingtaine seront totalement fermées, et nantaises où une trentaine d’établissements pourraient être concernés.