Le journaliste de Reporterre Alexandre-Reza Kokabi a été condamné à payer une amende de 750 euros, qu’il conteste, pour son reportage durant une action du mouvement écologiste Extinction Rebellion, en juin 2020, sur les pistes de l’aéroport d’Orly. Il rappelle la légitimité de sa démarche au nom de la liberté d’information.
Journaliste, j’ai passé dix heures en garde à vue dans l’exercice de mon métier. Un représentant de l’État a prononcé à mon encontre une amende de 750 euros, m’accusant de « manquement à la sûreté aéroportuaire ». Je dénonce, avec Reporterre, une atteinte grave à la liberté d’informer.
Le 26 juin 2020, j’ai couvert une action de désobéissance civile organisée par le mouvement écologiste Extinction Rebellion. Vingt-huit activistes ont pénétré sur les pistes de l’aéroport d’Orly, le jour de sa réouverture post-confinement, demandant l’interdiction immédiate de tous les vols intérieurs « pour lutter contre le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité ».
Quand je suis entré sur les pistes, dans le sillage des activistes, un avion Air Corsica était immobilisé. Les militants se dressaient devant le géant des airs pour l’empêcher de décoller. Certains s’enchaînaient à des vélos, des antivols autour du cou. D’autres scandaient « Moins d’avions, plus d’oignons ! ». Tous étaient à visage découvert. Visages juvéniles, parfois inquiets, toujours opiniâtres.
Je me souviens du vrombissement du moteur et de l’odeur du kérosène qui imprégnait l’air. De mes jambes qui flageolaient. Du moment où j’ai retrouvé l’équilibre en sentant mon carnet de notes dans ma main, et mon appareil photo contre mon plexus. Allez, au boulot.