Selon des médias américains, les Etats-Unis ont attaqué des systèmes de lancement de missiles, deux jours après la destruction d’un drone par Téhéran.
L’Iran a assuré, lundi 24 juin, n’avoir subi aucun dégât à la suite de « cyberattaques » qui ont été lancées, selon la presse américaine, contre des systèmes de défense iraniens par les Etats-Unis. Le ministre iranien des télécommunications, Mohammad Javad Azari-Jahromi, a affirmé que cette opération avait échoué.
« Les médias s’interrogent sur la véracité de présumées cyberattaques contre l’Iran. Je dois dire que cela fait longtemps que nous faisons face au cyberterrorisme […] et à l’unilatéralisme » des Etats-Unis, a-t-il déclaré sur Twitter. « Aucune de leurs attaques n’a réussi, alors qu’ils font beaucoup d’efforts en ce sens », a-t-il affirmé. « L’an dernier, nous n’avons pas fait échouer une attaque, mais 33 millions » grâce à un nouveau système de défense informatique, a-t-il ajouté.
Samedi, des médias américains ont rapporté que les Etats-Unis avaient lancé des cyberattaques contre des systèmes de lancement de missiles et un réseau d’espionnage iraniens. Selon le Washington Post, une des cyberattaques a visé des ordinateurs servant à contrôler des lancements de missiles et de fusées. Selon Yahoo! News, l’autre attaque informatique a frappé un réseau d’espionnage chargé de surveiller les passages de navires dans le détroit d’Ormuz. Le groupe, lié aux gardiens de la révolution, procéderait notamment en créant des profils sur les réseaux sociaux pour converser sous une fausse identité avec des marins américains et connaître ainsi leurs déplacements. Cette technique est connue des services de sécurité américains et des entreprises spécialisées depuis au moins cinq ans, mais les Iraniens l’auraient récemment perfectionné. L’unité de renseignement est soupçonnée d’avoir participé au sabotage de six navires pétroliers en mer d’Oman depuis la mi-mai.
Signe d’une volonté de maintenir une pression militaire sur Téhéran, cette attaque informatique, d’une ampleur limitée, a été validée par le président américain Donald Trump. Elle fait suite à son renoncement, in extremis, à lancer des frappes aériennes contre des batteries de missiles et des radars iraniens, en réplique à l’attaque d’un drone de surveillance américain dans le golfe Persique, le 20 juin.
Planifiée depuis des semaines, cette cyberattaque a été conçue comme une réponse aux sabotages de tankers attribués par Washington à l’Iran. Elle montre une nouvelle fois la posture de plus en plus agressive des Etats-Unis dans le cyberespace. L’unité de l’armée américaine chargée des cyberattaques, le Cyber Command, dispose depuis peu de nouveaux pouvoirs et de plus d’autonomie pour mener ses opérations et, selon les médias américains, elle a récemment mené plusieurs attaques d’envergure, en particulier en Russie.
Les tensions numériques s’étaient accrues entre l’Iran et les Etats-Unis avant même cette attaque et les accrochages dans le détroit d’Ormuz. Selon plusieurs sociétés spécialisées, des groupes de pirates connus pour leur grande proximité avec Téhéran ont récemment multiplié les tentatives d’infiltration visant des entreprises et des administrations américaines, en particulier dans le domaine de l’énergie. Les autorités américaines ont même alerté les entreprises industrielles américaines contre ce regain de tensions, craignant que le régime iranien n’utilise ces outils si les tensions avec Washington venaient à perdurer. Les sociétés visées et le mode opératoire habituel de ces groupes font craindre, outre l’espionnage, des attaques cherchant à provoquer des dégâts physiques. « Le régime iranien et ses proxies utilisent de plus en plus d’attaques destructives, au-delà du simple vol de données ou de fonds », a averti Christopher C. Krebs, directeur de l’Agence de cybersécurité au sein du département de la sécurité intérieure.
Mises en garde
Samedi, dans un geste d’ouverture adressé à Téhéran, le président Trump a dit apprécier le fait que l’Iran ait frappé un simple drone, le 20 juin, et non un avion américain avec son équipage. Il affirmait pouvoir devenir « le meilleur ami » de l’Iran, si le pays renonçait à construire des armes nucléaires. Le renseignement américain estime pourtant que l’Iran a mis à l’arrêt son programme militaire supposé dès 2003, avant d’abandonner l’essentiel de ses travaux nucléaires en 2015, en signant l’accord international que M. Trump a dénoncé l’an dernier.
Dans le même temps, le conseiller à la sécurité nationale américain, John Bolton, et le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, partisans d’un changement de régime à Téhéran, ont multiplié au fil du week-end les mises en garde martiales. En visite en Israël, M. Bolton a rappelé que « personne n’a accordé de permis de chasse [aux Iraniens] au Proche-Orient. Comme l’a dit le président Trump jeudi, notre armée est reconstruite, neuve et prête à frapper. »
M. Pompeo – qui est arrivé lundi en Arabie saoudite, proche alliée de Washington et grande rivale régionale des Iraniens – a rappelé que les Etats-Unis entendaient adopter de nouvelles sanctions économiques contre Téhéran, sans en préciser la nature. Il a rencontré le roi Salman et le prince héritier Mohammed Ben Salman après avoir déclaré considérer « mettre en place une coalition mondiale » face à l’Iran, qu’il a accusé d’être « le plus grand Etat au monde parrainant le terrorisme ».
Dans une première réaction à l’annonce des sanctions, le porte-parole des affaires étrangères iranien, Abbas Moussavi, a affirmé : « Nous ne savons vraiment pas ce que sont [ces sanctions] ni où ils veulent encore frapper davantage, mais nous estimons qu’elles n’auront aucun résultat. » « Nous prenons néanmoins au sérieux toute [nouvelle] sanction, que nous considérons comme un acte hostile conforme au terrorisme économique et à la guerre économique lancés contre notre Nation », a-t-il ajouté. Alliée de l’Iran, la Russie a d’ores et déjà qualifié les sanctions promises d’« illégales ».