Fausses photos, noms d’oiseaux entre les présidents brésilien Jair Bolsonaro et français Emmanuel Macron, thèses complotistes, accusations fantaisistes : les incendies en Amazonie font depuis quelques jours l’objet de nombreuses polémiques, controverses, mais aussi de quelques fantasmes. On a essayé de démêler pour vous le vrai du faux, en gardant l’esprit le plus critique possible, en 10 affirmations vérifiées :
1°) La plupart des images spectaculaires, sur les réseaux sociaux, montrant des forêts en flammes en Amazonie, jusqu’ici étaient fausses : VRAI
Nous y avons déjà consacré un article : énormément de photos circulant sur les réseaux sociaux pour sensibiliser les citoyens aux incendies en Amazonie étaient fausses. Pas fausses dans le sens truquées, mais dans le sens où elles ont été prises soit à une autre période, soit carrément hors de l’Amazonie.
Pas nécessairement par volonté de désinformation, comme le soulignait Patrick Verviers, Président du Conseil supérieur de l’éducation aux médias, dans Matin première : mais plutôt parce qu’on a cherché à illustrer son post avec une photo spectaculaire, sans vérifier la source.
Le problème, c’est que jusqu’ici, des photos spectaculaires comme on a l’habitude d’en voir des feux de forêt en Europe du Sud ou en Amérique du Nord, il n’y en avait tout simplement pas. Notamment parce qu’on est ici face à des feux de végétation, au bord d’une forêt humide, où les arbres ne « flambent » pas, à moins d’avoir été coupés auparavant (voir ci-dessous).
D’où la tentation de reprendre ces photos, comme dans le tweet ci-dessus. Même Emmanuel Macron s’est visiblement trouvé dans le cas, lui qui a illustré d’une photo datant de plus de 15 ans son appel à réagir au G7…
2°) Toutes les photos qui circulent sur l’Amazonie sont des faux, on n’a aucune preuve que ça brûle : FAUX
Ce n’est pas parce que certaines photos sont faussées qu’on peut douter du fait. Les images satellites de la NASA sont elles, incontestables. Ce sont d’ailleurs les données recueillies par les satellites qui ont permis d’objectiver les cris d’alarmes lancés par les ONG : oui, il y avait bien un nombre important d’incendies, largement supérieur aux années précédentes à la même période.
Notre maison brûle. Littéralement. L’Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20% de notre oxygène, est en feu. C’est une crise internationale. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence. #ActForTheAmazon pic.twitter.com/Og2SHvpR1P
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 22 août 2019
D’autre part, à défaut d’arbres en flammes, l’agence AFP a fourni un certain nombre de photos récentes avec d’impressionnantes colonnes de fumée.
Et enfin, l’association Greenpeace vient de diffuser une série de photos assez impressionnantes des dégâts causés par les incendies. Il s’agit certes d’une organisation politiquement engagée, mais dont les sources et documents ont toujours jusqu’ici été jugés fiables.
3°) Les incendies en Amazonie produisent tellement de fumée qu’ils ont plongé Sao Paolo dans le noir : FAUX
Ça a été un des exemples donnés pour montrer les conséquences de ces incendies : cette grande ville brésilienne plongée dans l’obscurité, c’était l’Amazonie qui brûlait.
Gente são 15h mesmo? pic.twitter.com/TwJrQXH9xR
— Berk™ (@CaioBerkley) 19 août 2019
Sauf que, a rectifié 20minutes.fr, c’était loin d’être le seul facteur. « C’était la combinaison de deux facteurs : un air froid, provenant de l’océan, dans les couches les plus basses de l’atmosphère, et un air chaud et pollué venant de l’ouest qui a apporté de la suie « , a expliqué au site français Franco Nadal Villela, météorologiste à l’Institut national de météorologie du Brésil (INMET).
Cette suie aurait « augmenté l’humidité de l’atmosphère », contribuant à assombrir les nuages. Ce phénomène avait été observé pour la dernière fois en 2010. De plus, les incendies qui touchent massivement le Brésil ne sont pas tous localisés en Amazonie, comme le montre là aussi la carte satellite de la NASA.
4°) Il y a des endroits dans le monde où il y a plus d’incendies qu’en Amazonie, et dont on ne parle pas : VRAI
Une nouvelle fois, les cartes satellites sont parlantes : en ce moment, il y a plus d’incendies en Afrique subsaharienne et à Madagascar, qu’en Amazonie. Bloomberg a fait le décompte pour la période du 22 au 24 août : on dénombrait 6.902 incendies en Angola au cours des dernières 48 heures, contre 3.395 en République démocratique du Congo et 2.127 au Brésil.
Si on en parle peu, c’est que ces feux « de saison » sont courants : ils ne sont pas dus à la sécheresse ni à la pollution, mais bien aux pratiques agricoles. La « culture sur brûlis », technique peu coûteuse et facile à appliquer, consiste à couper le bois puis le brûler. La couche de cendres fournit aux terres défrichées une couche riche en nutriments pour aider à fertiliser les cultures.
Oui le problème n’est pas de nier les feux en Amazonie, mais de ne pas passer les autres sous silence pour autant. Certes la foret amazonienne est une foret primaire qui a mis des années à exister et replanter ne réparera jamais la diversité d’espèces qu’elle contient. Il est à déplorer qu’on en fasse par des images volontairement choisies une campagne politique contre Borsalinaro et qu’on essaye de rallier des ecolos à la cause ainsi. La France comme beaucoup d’autres pays se moque bien des vies animales, vegetales et humaines. La preuve, on ne parle pas des incendies en Afrique.… Lire la suite »