Dans la nuit de samedi à dimanche, en marche de la mobilisation nocturne, des Gilets jaunes ont violemment dégradé le temple maçonnique de Tarbes. Ils ont notamment dérobé, puis restitué des épées et cassé du mobilier.
La manifestation nocturne de l’acte XVII des Gilets jaunes tarbais s’était pourtant déroulée dans un calme relatif. Mais, au fil des heures de kilomètres dans les rues de Tarbes, la mobilisation nocturne des Gilets jaunes a soudain dérapé. Aux alentours de minuit, alors qu’il ne restait qu’une petite centaine de manifestants dans le centre-ville, une voix s’est élevée : « on va à la gendarmerie et chez les Francs-Maçons! ».
Malgré la surprise d’une partie des manifestants, tous ont pris la direction de la rue Massey pour dévier ensuite rue Dalloz ou l’un d’entre eux, revêtu d’un gilet jaune et masque sur le visage, a commencé à s’en prendre à l’interphone qu’il a arraché. Il a ensuite saccagé la boîte aux lettres et tiré violemment sur le portail de la loge Maçonnique du Grand Orient de France. Immédiatement, d’autres se joints à lui, des dizaines de galets stockés dans les poches latérales de leur pantalon, et se sont mis à caillasser la façade pour, visiblement, atteindre les fenêtres et briser des vitres. A ce moment là, seule une petite centaine de manifestants était regroupée quand l’homme masqué a décidé d’escalader la grille et de passer à l’intérieur du bâtiment. Une fois de l’autre côté, il a ouvert le portail et une douzaine d’autres Gilets jaune sont entrés dans un fracas de verre brisé et de porte défoncée. Il n’aura pas fallu 3 minutes pour qu’ils battent en retraite, alertés par une lumière au premier étage, qu’ils avaient pourtant eux-même allumée: « Attention il y a quelqu’un dedans, sortez! ».
Objets cassés, meubles renversés
Le meneur est ressorti avec quatre épées qu’il a posées sur les fenêtres de la banque de France toute proche avant qu’un autre manifestant ne se ravise et ne ramène les objets.
Alertés, les responsables se sont rendus sur place pour constater les dégâts avec la police. A l’intérieur, débris de verres, des meubles renversés, objets cassés, tordus…
« Je ne peux que dénoncer cette dégradation » a déploré le dirigeant des lieux, en constatant les dégâts. « On a déjà eu des jets de projectiles mais c’est la première fois que quelqu’un y rentre pour tout vandaliser. Il y a des dégâts matériels, du mobilier dégradé, des vitres cassées, la sonorisation arrachée, des vols, de la casse, des traces de peinture noire. Il nous faudra sécuriser de manière plus importante nos locaux ». Une plainte a été déposée et une enquête est en cours.
La Grande Loge Mixte de France déplore, dans un communiqué de presse, des « actes inqualifiables qui s’inscrivent dans un contexte de déferlement de menaces et propos haineux à l’encontre des francs-maçons ».
« Le combat doit être encore plus ardent contre tout ce qui contribue à éroder le pacte social : remise en cause des valeurs et des principes républicains, régressions sociales, précarité, repli sur soi et dérives communautaristes », poursuit le texte de cette loge mixte créée en 1982 avec le soutien du Grand Orient de France.
Ce saccage a aussi fait réagir le ministre de l’Intérieur. « Après les juifs, les francs-maçons… Quand la bêtise rivalise avec l’intolérance la plus crasse », a dénoncé dimanche dans un tweet Christophe Castaner, en relayant l’article de La Dépêche du Midi. Le ministre a aussi salué « l’intervention rapide de la Police Nationale qui a mis fin aux exactions de ces individus qui n’ont d’autre projet que la haine ».
Après les juifs, les francs-maçons…
Quand la bêtise rivalise avec l’intolérance la plus crasse.
Je salue l’intervention rapide de la @PoliceNationale qui a mis fin aux exactions de ces individus qui n’ont d’autre projet que la haine.
Ne lâchons rien.https://t.co/ytr2YGqfZ0
— Christophe Castaner (@CCastaner) 10 mars 2019