Au terme de cinq mois de contestation des « gilets jaunes », Emmanuel Macron est parvenu à une conclusion : on ne réforme pas à vif un système fiscal, souligne Françoise Fressoz dans sa chronique.
Chronique. Aux grands maux, les grands remèdes ? Eh bien non. Il n’y aura pas de grand soir fiscal, pas de remise à plat de la fiscalité, malgré la forte demande de justice qui remonte du pays.
Emmanuel Macron l’a exclu, son grand argentier aussi, de façon plus explicite encore : « Evitons un grand soir fiscal qui se traduirait mécaniquement par une augmentation des impôts pour des millions de contribuables ! », s’est exclamé Bruno Le Maire dans un entretien aux Echos, mercredi 3 avril. Et lundi 8 avril, à l’issue de la restitution du grand débat national, Edouard Philippe a évoqué une « immense exaspération fiscale » pour fermer la porte à autre chose qu’à une baisse accélérée des impôts.
De fait, Emmanuel Macron semble aujourd’hui prêt à abandonner la hausse programmée de la fiscalité verte qui avait mis le feu aux poudres en novembre 2018. Le gouvernement réfléchit en outre à différentes mesures, comme l’allégement de l’impôt sur le revenu pour les contribuables situés au bas du barème.
A l’issue des quatre mois de tension qui ont agité le pays, le message envoyé est clair : l’allergie que suscite l’impôt n’est pas due à sa mauvaise répartition mais au fait qu’il représente désormais 45 % de la richesse nationale et qu’il est devenu trop lourd pour toutes les catégories de contribuables.
Plus de mission redistributive
Le gouvernement ne lui assigne plus de mission redistributive, il ne le considère plus comme le socle autour duquel doit se reconstruire le contrat social. La justice, telle que la conçoit Emmanuel Macron, passe par d’autres vecteurs : l’école, les services publics, les investissements dits d’« avenir ». Une révolution qui fait bondir la gauche et notamment le Parti socialiste, qui soutient la revendication d’un « big bang » fiscal défendu par l’ancien ministre Nicolas Hulot et par le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger.