Âgé de 27 ans, l’homme purgeait une peine de 30 ans de réclusion pour l’enlèvement, la séquestration et le meurtre d’un ancien résistant à Metz en 2012. Décrit comme un marginal désocialisé, il se serait radicalisé en prison.
Michael Chiolo, un détenu de la prison d’Alençon, a blessé à l’arme blanche deux surveillants mardi, en marge d’une visite familiale. Cette attaque s’est conclue par la mort de sa compagne dans l’assaut policier qui a suivi. Quel a été le parcours de cet homme, déjà connu pour radicalisation ?
Un marginal désocialisé
Né en Moselle le 11 juillet 1991, à la frontière franco-allemande, Michaël Chiolo était, selon l’enquête, désocialisé depuis l’âge de 17 ans.
En 2010, il s’affichait pourtant heureux et amoureux sur son blog, fier de ses origines italiennes et converti à l’islam, sous le nom d’Abdel-Karim. Mais l’année s’est conclue sur un procès pour des faits d’escroquerie et un vol aggravé commis entre 2008 et 2010.
C’est en 2012 que la vie du jeune homme bascule pour de bon. Le 13 avril, le voilà mené par un ami d’enfance, de cinq ans son aîné, dans l’attaque d’une bijouterie en Sarre, de l’autre côté de la frontière allemande. Butin : 4.000 euros.
« C’était trois paumés, des compagnons d’infortune qui sont passés de foyer en foyer et se sont associés pour aller chercher de l’argent. Ils se sont retrouvés à la rue très jeunes, délaissés », explique l’avocate de l’un des accusés.
Enlèvement, séquestration et meurtre
L’envie de recommencer les mène le 17 avril, avec un troisième complice, au domicile d’un octogénaire de Montigny-lès-Metz. Les trois jeunes marginaux séquestrent et tuent cet ancien résistant de 89 ans dont il convoitait le coffre-fort. Roger Tall, qui s’était échappé du camp de concentration de Dachau, succombe à ce vol à main armé, étouffé par du scotch.
Le trio est arrêté deux semaines plus tard, après des jours de cavale.
Pour l’expert psychiatre mandaté lors de l’enquête, Michaël Chiolo présente un « trouble de la personnalité grave de type dissociale », sur lequel les psychothérapies sont « sans effet ». « Risque de récidive violente majeure » et « grande dangerosité », note-t-il.
Son avocate de l’époque, Me Pauline Brion, se souvient, au premier procès à Nancy en 2014, d’un garçon « intelligent, très cultivé », sans formation ni profession, « devenu un peu vagabond » après avoir coupé les ponts avec sa famille.
Radicalisé en prison
Me Dominique Rondu, avocat de la soeur de la victime, se souvient quant à elle d’un « garçon assez froid, indifférent à la situation » et à sa gravité. La condamnation du jeune homme à 28 ans de réclusion criminelle semble marquer un tournant. Il fait appel et se présente un an plus tard au second procès, visiblement changé.
« On avait affaire à quelqu’un qui visiblement s’était radicalisé, qui avait toujours cette froideur, cette indifférence », se souvient l’avocat.
Marlène Schott, avocate de l’ami de Michaël Chiolo, décrit « un jeune homme paumé » au premier procès, sans signe de radicalisation.
« Au deuxième procès, il était beaucoup plus inquiétant (…) sur la défensive ».
Les débats mentionnent un incident en détention à Epinal : « Il avait obligé ses codétenus à boire huit litres d’eau par jour pour se purifier », raconte-t-elle.
Mi-décembre 2015, Michaël Chiolo est condamné en appel à 30 ans de réclusion criminelle pour enlèvement et séquestration suivi de la mort de sa victime. L’enquête le décrit comme « dangereux et manipulateur », sans remords.
Un mois plus tôt, le tribunal de Mulhouse l’a aussi reconnu coupable d’apologie du terrorisme. En détention, l’homme avait demandé à ses codétenus de rejouer la tuerie du Bataclan dans la cour de la maison d’arrêt.