Dans un entretien accordé au « Parisien », l’ancien président de la République critique le bilan d’Emmanuel Macron, et est alarmiste sur la montée de l’extrême droite. Par LePoint.fr
Plutôt rare dans les médias ces derniers temps, François Hollande a bien choisi son timing. Le Journal du dimanche a révélé que l’ancien président de la République n’avait pas été invité par Emmanuel Macron aux Glières, contrairement à Nicolas Sarkozy. Alors que son prédécesseur et son successeur à l’Élysée s’affichent ensemble ce dimanche, et qu’une nouvelle édition de son livre Les Leçons du pouvoir sort mercredi, l’ancien chef de l’État a fait le tour de l’actualité à l’occasion d’un entretien accordé au Parisien.
L’ex-locataire de l’Élysée a été très critique concernant le bilan actuel d’Emmanuel Macron. « Diriger la France, je l’ai éprouvé, est un exercice difficile qui suppose de bien comprendre notre pays. Le résultat au bout de deux ans n’est bon ni pour la vitalité économique ni pour la cohésion sociale. À vouloir tout bousculer, tout s’est arrêté », déclare François Hollande à ce sujet, tout en ajoutant : « Mais un mandat dure cinq ans, évitons de porter des jugements définitifs. Tout président peut toujours opérer des corrections. Moi-même, j’en ai fait. »
François Hollande se montre également alarmiste au sujet de la montée de l’extrême droite en France. « Avec le décrochage des catégories populaires par rapport à la politique, les partis de gouvernement qui ont animé le débat démocratique pendant des décennies doivent prendre conscience de leur responsabilité. Ça vaut pour la gauche comme pour la droite. Ils ne doivent céder ni à l’outrance ni à la surenchère. Ils doivent être de nouveau des alternatives crédibles et mobilisatrices, sinon le face-à-face entre le pouvoir actuel et l’extrême droite peut mal finir », prévient-il, ajoutant : « Je l’affirme, un jour elle [l’extrême droite, NDLR] arrivera au pouvoir en France. En 2022 ou plus tard… puisqu’elle prétendra que c’est la seule qui n’a pas été essayée ! »
François Hollande n’est pas beaucoup plus optimiste pour l’avenir du PS, dont il a été premier secrétaire : il appelle « à redonner une perspective et une consistance » au mouvement socialiste à l’issue des élections européennes. « Pour moi, le socialisme n’est pas nostalgie, mais demeure une méthode et un idéal pour répondre aux défis du climat, des inégalités et de la démocratie », explique-t-il. Quant à ses ambitions et son avenir en politique, il se montre flou : « Je ne reviendrai pas dans la vie partisane. Je veux convaincre les Français que leur pays a un avenir et un rôle dans le monde. Je ne peux accepter que la gauche soit sans perspective. C’est le cas aujourd’hui. Ça ne doit pas l’être demain. » Avec cette interview, l’ancien président prouve en tout cas qu’il garde un œil averti sur l’actualité et la vie politique françaises.