La part de l’immigration dans la hausse de la population a augmenté entre 2006 et 2017, pour atteindre 44 %, selon des chiffres publiés par l’Insee mercredi 7 avril. Une situation nouvelle en France et qui devrait s’accroître dans les années qui viennent.
C’est un chiffre qui ne peut que susciter la polémique, puisqu’il touche à la fois à une fierté nationale – la hausse de la population, jamais démentie en France depuis la guerre – et un sujet hautement sensible sur le plan politique, l’immigration.
Dans des chiffres inédits publiés mercredi 7 avril, l’Insee avance qu’en 2017, « 44 % de la hausse de la population provient des immigrés » et que cet apport s’est beaucoup renforcé ces dernières années. L’immigration ne représentait que 26 % de la hausse en 2006. Autrement dit, désormais, l’apport migratoire fait quasiment jeu égal avec le solde naturel, c’est-à-dire l’excédent de naissances par rapport aux décès. Une situation jugée impensable il y a encore dix ans.
Le modèle de l’Après-guerre remis en cause
En effet, même si la contribution des immigrés était majoritaire entre 2015 et 2016, au plus fort de la crise des migrants, la hausse de l’apport relatif de l’immigration au dynamisme démographique de la France marque ici une rupture. Depuis 1945, la population française a beaucoup augmenté sous l’effet d’un solde naturel largement positif : il naissait beaucoup plus de bébés qu’il ne mourrait de personnes âgées. L’immigration ne venait qu’en appoint. « Cela s’est vérifié même pendant les Trente glorieuses : le solde migratoire était beaucoup plus important qu’aujourd’hui, mais le nombre des naissances était encore plus haut », confirme Gilles Pison, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et chercheur associé à l’Ined.