« Le président a lâché 10 milliards d’euros. Pour cette semaine, c’est bon. On a le compte », lâche, grinçant, un conseiller du pouvoir. Manière de dire que les dés sont jetés, alors que des Gilets jaunes appellent à un Acte 5 de la mobilisation ce samedi. Pour Emmanuel Macron, l’enjeu est immense. Le président, qui « a joué l’opinion plutôt que les ronds-points » dixit un ministre, saura si son allocution de lundi soir s’avère payante.
En attendant, restent les mots. En cette veille de manifestation, la Macronie monte en rappel pour tenter de convaincre les protestataires de ne pas descendre dans la rue, au regard des annonces présidentielles, mais surtout de l’attentat terroriste qui a frappé le marché de Noël de Strasbourg mardi soir. « Nous vous demandons d’être raisonnables samedi et de ne pas aller manifester », somme ainsi Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement. « Une question de responsabilité », abonde François de Rugy, le ministre de la Transition écologique.
Le gouvernement n’est-il, pourtant pas, censé être le garant du droit de chacun à manifester ? « Il n’y a pas d’interdiction, mais un appel à la raison et à écouter ce qui a été mis sur la table par le président. Des erreurs ont été faites, une colère s’est exprimée de manière très extrême, maintenant, il faut passer au dialogue. Et ce n’est pas dans un contexte de nouvelles manifestations et de violences qu’on y arrivera », déroule une source gouvernementale.
Emmanuel Macron «très offensif»
Mais ce « dialogue » est-il encore possible ? Le compte y est-il pour les Gilets jaunes ? Le chef de l’Etat peut-il encore se faire entendre ? Cette crise a montré le spectaculaire rejet dont sa politique et lui font l’objet.
Malgré les gestes, malgré la pression (la CFDT de Laurent Berger, ainsi que des représentants de l’opposition ont rejoint le gouvernement dans son appel « à la responsabilité), une partie des Gilets jaunes ne désarment pas. « On ne lâche rien », entendait-on à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), « la propagande gouvernementale ne passera pas ».
Mercredi, dans le huis-clos du Conseil des ministres, Emmanuel Macron s’est, en écho, montré « très offensif, sur le mode : Il faut que ça marche. J’ai annoncé des choses, ne me faites pas ch… avec le comment », résume une source gouvernementale. Car il en va de la crédibilité de sa parole.