PARU DANS LE JOURNAL DE DEMAIN – La justice doit se prononcer jeudi sur la viabilité du plan social de General Electric pour le site de Belfort. Les syndicats espèrent une suspension.
Le 28 mai dernier, General Electric (GE) avait présenté sans prévenir un vaste plan de restructuration qui menace 1.000 emplois en France, dont 792 pour la seule usine de Belfort, dans l’Est de la France. Un mois plus tard, les syndicats espèrent ouvrir un front judiciaire jeudi. Ils ont rendez-vous à 14 heures au tribunal de Belfort pour une audience décisive dans leur combat pour la sauvegarde des emplois. Ils ont en effet assigné GE en justice car le groupe américain n’aurait pas cherché, comme l’y oblige la loi française, de pistes de diversification pour son usine.
Avant de déclencher un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), toute grande entreprise doit en effet avoir épuisé toutes les solutions de relance possible pour une site de production donné.
Le compte à rebours a débuté
Des « pistes de diversification » que GE dit avoir exploré. « Début 2019, la direction a en effet fini par créer, à notre demande, une ‘commission de diversification' », raconte au JDD le délégué syndical SUD Francis Fontana, l’un des porte-parole de l’intersyndicale.
Un vrai passage en force de la direction
« Mais cette commission s’est tenue trois fois et rien n’en est sortie avant la présentation surprise du plan, le 28 mai, déplore le représentant du personnel. Or, nous, on a les preuves que [la direction] n’a pas étudié toutes les options. »
Pour les salariés, il y a urgence car le compte à rebours est lancé. Malgré le boycott des syndicats, la direction a déjà lancé vendredi dernier la procédure information-consultation qui enclenche le plan social et dure quatre mois.
« Un vrai passage en force », dénonce Francis Fontana pour qui, outre le front judiciaire, il faut maintenir la pression sur le plan politique.
Un couac entre Bruno Le Maire et sa secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher?
Si l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon est monté en première ligne en s’affichant au côté des salariés lors d’une grande manifestation, samedi dernier à Belfort, l’intersyndicale prête d’abord attention aux gestes du gouvernement.
C’est Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, qui est à la manœuvre. Il est venu à Belfort et a exprimé sa colère auprès de la direction de GE. « Le plan social ne convient pas et il doit être révisé », a encore martelé le ministre mardi.
Mais les représentants du personnel de l’usine de Belfort ont été troublés par les propos, mardi sur Public Sénat, de la secrétaire d’Etat à l’Economie Agnès Pannier-Runacher. « Voici quelqu’un avec qui nous n’avons jamais été en contact, au contraire de Bruno Le Maire, et qui a dit des choses fausses, des chiffres faux », réagit Francis Fontana.
La secrétaire d’Etat a en effet affirmé que GE a recruté 3.000 personnes par an – « ce sont les faits », insiste-t-elle lors de son interview à 9’06 – alors que le groupe a embauché 3.000 personnes sur trois ans et dans toute la France. Le délégué syndical SUD se demande s’il s’agit d’un simple « cafouillage » à Bercy