C’est quoi, cette «fédération populaire» que propose Mélenchon ?



STRATEGIE. Jean-Luc Mélenchon tend la main à la gauche, mais pas sans conditions.

C’est pas demain, la signature du nouveau Programme commun d’Union de la gauche. So 1972. Mais enfin, dans un contexte d’émiettement presque historique, la proposition de l’homme aux 20 % au premier tour de l’élection présidentielle de 2017, Jean-Luc Mélenchon, a de quoi au moins nourrir le débat. Le député insoumis de Marseille a proposé, mercredi, dans une longue interview au journal Libération, la création d’une « fédération populaire » pour après les européennes. « A construire dans les élections suivantes et dans les mouvements écologistes et sociaux. »

C’est quoi ?
Jean-Luc Mélenchon fait le constat que « les neuf dixième du temps » les députés « à la gauche de l’hémicycle », c’est-à-dire insoumis, communistes, socialistes et apparentés, votent de la même façon. Le leader de la France insoumise propose donc des discussions, mais pas entre partis ou en appareils. D’où le concept de « fédération populaire » : ça doit venir de la base, en lien avec les « mobilisations écologiques et sociales ». Régis Juanico, député proche de Benoît Hamon, qui voit l’initiative avec « un œil bienveillant », est d’accord avec cette condition-là. Il voit même assez bien la forme que ça pourrait prendre : « On peut faire des jurys citoyens, des agoras locales, des débats participatifs… » Bref, l’opposé des négociations dans des bureaux enfumés des années 1970 entre communistes, socialistes et radicaux de gauche. « Cela ne peut pas être une simple collection de signatures de partis », dit Mélenchon dans Libération.

Quel est l’objectif ?
Il s’agit de préparer l’après Européennes. Pour l’échéance du 26 mai, c’est acté, six listes de gauche (au sens large) sont sur la ligne de départ. « Mais dans un an viennent les municipales, qui sont beaucoup plus structurantes en vue de la présidentielle de 2022 », estime Régis Juanico pour 20 Minutes. Et dans cette optique, l’idée de Jean-Luc Mélenchon est clairement affichée : il faut un programme. « Il faut se préparer sérieusement à gouverner autrement. Avec un programme concret de partage et de planification écologique. »

Y’a des conditions ?
C’est pas gratuit. La base est le programme de la France insoumise, « L’avenir en commun ». Jean-Luc Mélenchon semble encore fort de ses quasi-20 % au premier tour de l’élection présidentielle, loin devant les quelque 6 % de benoît Hamon. « La vieille gauche (…) n’accepte pas la réalité, c’est-à-dire notre centralité. » Le député demande aussi des clarifications à certains partenaires potentiels, et notamment le Parti socialiste. « Le PS se sépare-t-il du SPD qui participe à une coalition avec Merkel (en Allemagne) ? Pourquoi soutiennent-ils Frans Timmermans pour la présidence de la Commission européenne sur des idées libérales ? »

Pourquoi maintenant ?
Régis Juanico se pose quand même la question du « timing » de cette annonce (même si Jean-Luc Mélenchon précise qu’il l’avait déjà faite il y a un an). « Quand on a fait 20 % à la présidentielle et qu’on est à 8/10 % dans les sondages pour les Européennes, il y a une difficulté », estime le député de la Loire. De fait, le leadership de la France insoumise n’est plus certain. Les écologistes sont régulièrement devant la liste de Manon Aubry. Le PS talonne même parfois la liste mélenchoniste. Mais Juanico n’en fait pas grief à Mélenchon : « Les résultats des Européennes à gauche ça risque d’être « personne ne gagne » donc enjamber cette difficulté n’est pas forcément inintéressant. »

C’est sincère ou c’est de la tactique ?
« Avec Mélenchon, c’est toujours les deux, explique un proche de la France insoumise. Jean-Luc ne fait pas de la théorie politique, il fait de la stratégie. » D’après cette source, la question qui sous-tend ces discussions, c’est évidemment la question de la candidate ou du candidat à la présidentielle de 2021. « C’est la vraie question. Jean-Luc Mélenchon voit des gens monter, comme François Ruffin ou même Clémentine Autain. Et l’autre problème, c’est qu’il faut peur à tout le monde. S’il veut être candidat, il doit faire des gestes. Jean-Luc a besoin de se remettre dans le jeu de la gauche. »

Ça peut marcher ?
A part au PCF et chez les hamonistes, les réactions à gauche sont fraîches. Mais c’est un peu tôt, bien sûr. Si les choses doivent commencer à se décanter, ça ne sera de toute façon pas avant les Européennes, dont on a déjà dit qu’elles peuvent changer dramatiquement les rapports de force. Mais un rassemblement, à la gauche de la gauche, pour dépasser les actuels 30 % des listes de gauche dans les sondages ? « Oui, si on prend un candidat à la présidentielle qui peut rassembler », estime toujours ce proche de la France insoumise. Si certains ont mal à le voir, lui n’est pas inquiet « Aujourd’hui tout est mouvant, tout est plastique, ça peut aller très vite. »

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