Le débat n’est pas nouveau mais trouve une résonance particulière cette année. Alors que la crise des « gilets jaunes » a pesé, parfois lourdement, sur l’activité de fin d’année des grands magasins et des commerces de proximité, certaines voix s’élèvent pour réclamer un avancement des soldes à la première semaine de janvier sur l’ensemble du territoire. Mais il n’y a pas de consensus et Bercy ne semble pas privilégier cette option.
« Éviter une rupture de chiffres d’affaires ». Parmi les partisans de soldes d’hiver avancées, Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France, met en avant le besoin de booster l’activité dès les premiers jours de l’année. « Je constate une perte sérieuse sur le mois de décembre pour les indépendants, de -20% à -25% », déplore-t-il au micro d’Europe 1. « Pour éviter une rupture de chiffre d’affaires qui se rajouterait à la perte déjà enregistrée », il suggère donc « d’avancer au week-end des 3, 4 et 5 janvier le début des soldes d’hiver 2018 ».
Et, selon lui, contrairement aux chaînes et aux grands magasins, les indépendants « ne peuvent pas se permettre » les traditionnelles ventes privées organisées en amont des soldes.
« Le problème des petits magasins n’est pas le stock mais la marge ». Un avis que ne partage pas William Koeberle, le président du Conseil du commerce de France. « Quand j’ai rendu mon rapport (sur les soldes, au ministère de l’Economie, ndlr) il y a un an, ceux qui souhaitaient avancer les soldes étaient les grandes entreprises et les centres commerciaux. Les indépendants, eux, étaient plutôt partisans de reculer la date le plus possible pour leur permettre de faire de la marge par rapport aux soldes », rappelle-t-il à Europe 1.
Par ailleurs, « à cause des récents événements, le problème des petits magasins n’est pas le stock mais la marge », assure-t-il. Pour y remédier, « l’objectif est de faire durer sa collection (au prix normal) le plus longtemps possible et de profiter des soldes plus tard pour écouler les invendus ».
Bercy ne bouge pas pour l’instant. Seul le ministère de l’Économie a le pouvoir de trancher ce débat. Et pour l’instant, Bercy « ne prévoit pas » de changement. « Il y a un an, il a été décidé de maintenir la date de démarrage des soldes, car il n’y avait pas de consensus sur le sujet », rappelle-t-on dans l’entourage de Bruno Le Maire. Bercy argumente qu' »avancer les soldes ne restaurerait pas les marges des commerçants puisqu’on parle de la possibilité de vendre à perte ».
Et puis avancer la date des soldes, ça ne se fait pas comme ça, précise-t-on encore au ministère de l’Economie : il faut un décret. Le seul changement en vue est le passage de quatre à six semaines initié par la loi Pacte. Mais il faudra attendre les soldes de 2020.