Un rapport du cabinet The Shift Project estime que les seize pays pétroliers fournisseurs de l’Union européenne vont connaître à partir de 2030 un déclin prononcé de leur production. Cette perspective implique une évolution rapide de la politique énergétique de l’Europe.
Les temps de l’abondance pétrolière sont derrière nous : c’est le message principal du rapport publié jeudi 27 mai par le cabinet d’études The Shift Project. Centré sur les perspectives d’approvisionnement de l’Union européenne en pétrole, cette étude, réalisée à la demande du ministère des Armées, analyse les données des réserves et de la production des seize principaux fournisseurs de l’Union européenne.
Conclusion : « Il paraît acquis que la décennie 2030 verra un déclin marqué et irréversible » de leur production, commençant par une réduction de 10 à 20 % dans la décennie 2030. Un signal qui suggère la nécessité pour les pays européens d’engager rapidement le tournant de leurs politiques énergétiques, en réduisant leur consommation et en opérant des substitutions de sources d’énergie. Les 550 millions de tonnes d’hydrocarbures liquides importées chaque année alimentent notamment encore près de 90 % du secteur du transport. Il faut poursuivre plus rapidement une pente déjà engagée, puisque dans les années 1990, les pays de l’Union importaient 630 millions de tonnes d’or noir.
Mais pour que la contraction de l’approvisionnement ne se transforme pas en crise, il faudra que la demande ait décru au moins aussi rapidement. Comme le résume Matthieu Auzanneau, directeur du Shift Project, cette contrainte de plus en plus forte sur les approvisionnements pétroliers « constitue une raison supplémentaire — outre les engagements climatiques — pour planifier la sortie du pétrole ».