Après le grand oral des trois candidats, le parti présidentiel doit choisir mercredi soir sa tête de liste pour la capitale en 2020. Benjamin Griveaux reste nettement favori.
Moment critique pour La République en marche (LRM). Après des mois d’une compétition interne de plus en plus vive, le parti présidentiel doit désigner, mercredi 10 juillet au soir, sa tête de liste pour les élections municipales à Paris. Avec un triple enjeu : choisir le meilleur candidat pour rapporter ce trophée essentiel à Emmanuel Macron en mars 2020, désigner un homme à même de gérer sans anicroche une des plus grandes villes d’Europe, mais aussi, dans l’immédiat, couper court à toute polémique sur le manque de démocratie interne au sein du parti.
Depuis plusieurs mois, Benjamin Griveaux fait figure de grand favori, et les critiques se sont multipliées contre une procédure jugée hâtive ou trop « verticale » par certains : en pratique, l’Elysée n’a-t-il pas déjà tranché de longue date ? Mardi, lors du grand oral organisé par la commission d’investiture de LRM, tout un cérémonial a donc été respecté afin d’afficher une égalité de traitement entre les trois députés en lice pour mener la bataille de Paris, Benjamin Griveaux, mais aussi Hugues Renson et Cédric Villani.
Les trois concurrents ont eu droit au même temps de parole, à la même écoute attentive, à la même possibilité de faire intervenir chacun deux de leurs soutiens. Et, compte tenu de l’importance de l’enjeu, la commission était, une fois n’est pas coutume, presque au complet, avec treize membres sur seize. Tous devaient se retrouver mercredi après-midi pour trancher le cas de Paris et d’une vingtaine d’autres villes, avant que le bureau exécutif du parti ne valide ces choix dans la soirée.
Villani : « Paris se gagnera dans le rassemblement »
Même si c’est bien Benjamin Griveaux qui est investi au bout du compte, l’audition à huis clos devant la commission et le duel avec Cédric Villani des dernières semaines auront au moins donné l’impression que les jeux n’étaient peut-être pas entièrement faits d’avance. Mardi, chacun des trois hommes a présenté son projet, sa stratégie, répondu à une salve de questions, et tenté de transformer ses faiblesses en forces, durant une heure et demie.
A commencer par Benjamin Griveaux. Puisque certains insistent sur son passé socialiste en Saône-et-Loire, le député a souligné qu’il avait ainsi acquis une expérience d’élu local, à la mairie de Chalon-sur-Saône puis au conseil général. On le présente comme arrogant, méprisant, cassant ? « Pendant les dix-huit mois où j’ai été porte-parole du gouvernement, je n’ai pas été épargné, de même qu’au cours des six derniers mois de précampagne pour Paris, a-t-il expliqué aux dirigeants du parti. J’ai ainsi montré une force de résistance qui peut se révéler utile pour la campagne des municipales. »
De même, le mathématicien Cédric Villani, qui a longtemps fait figure d’électron libre, s’est évertué à démontrer qu’il avait su ces dernières semaines réunir de nombreux soutiens, notamment celui de son ex-rival Mounir Mahjoubi. Et qu’il pourrait donc poursuivre sur sa lancée. « Paris ne se gagnera ni à gauche ni à droite, mais dans le rassemblement », professe le lauréat de la prestigieuse médaille Fields.
Et qu’on ne le prenne pas pour un savant éloigné des réalités. « Regardez, en deux semaines chrono, nous avons monté un meeting, les militants ont téléphoné, tracté, affiché, et au bout du compte, nous avons eu nos 800 personnes et refusé du monde. On ne réussit pas cela sans une détermination inébranlable. Je suis à fond. »
Hugues Renson et l’« arc progressiste »
Le vice-président de l’Assemblée nationale, Hugues Renson, enfin, a assumé de s’être lancé plus tard que les autres, afin de se consacrer à la campagne des européennes. Cet ancien proche de Jacques Chirac a aussi concédé souffrir d’un déficit de notoriété, voire de légitimité. « Mais la notoriété, c’est votre décision qui me l’apportera. La légitimité, c’est vous qui me la donnerez », a-t-il déclaré en substance aux membres de la commission. Quant au troisième élément décisif à ses yeux, la capacité à rassembler, il estime disposer là d’une avance sur ses rivaux.
Pour lui, Paris ne peut en effet se gagner que dans le cadre d’une alliance, un « arc progressiste » dont il a déjà défini précisément les contours. Ainsi prévoit-il de confier deux ou trois arrondissements à des têtes de liste issues du MoDem, autant à des partisans du député macroniste de droite Pierre-Yves Bournazel, et un ou deux à des représentants du mouvement de Gaspard Gantzer, ancien conseiller de François Hollande à l’Elysée.
De même propose-t-il de faire signer à ses futurs alliés un « contrat de progrès ». Ils s’y engageraient à défendre le logement social, le maintien de la fermeture des voies sur berges, etc. « On ne peut pas prendre tous les élus qui nous rejoindraient juste pour sauver leur poste », résume-t-il.