«Les mobilisations ne s’opposent pas. C’est bien qu’il y ait des actions collectives, des « gilets jaunes », « gilets rouges », « gilets bleus », peu importe. Maintenant, il faut que ces actions puissent converger», s’est exclamé le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, juste avant de manifester à Paris, de la place de la République à celle de la Nation.
Solidaires et la FSU, premier syndicat dans l’Education nationale, participent au mouvement, ainsi que les étudiants de l’Unef et les lycéens de l’UNL. Des unions départementales de FO sont également présentes dans les cortèges.
Mot d’ordre du jour : «Tous mobilisés pour le libre accès à l’éducation, l’emploi, les salaires, les services publics, la retraite par répartition».
A Rennes, près de 400 personnes ont défilé sans incident dans le froid et sous un grand soleil, dont des enseignants, des pompiers-secouristes, des personnels des hôpitaux, a constaté un journaliste de l’AFP. Ils étaient quelque 500 (selon la préfecture) au Puy-en-Velay, le cortège mêlant salariés et syndicalistes (notamment de Michelin et de la SNCF), enseignants, lycéens et quelques rares Gilets jaunes. A Grenoble, 1 400 personnes ont manifesté (selon la préfecture), de même qu’à Saint-Etienne.
Les lycéens étaient nombreux partout, affichant des banderoles comme «Sélection, piège à cons» ou «Notre plus beau patrimoine, c’est notre jeunesse». A Paris, des dizaines d’entre eux se sont agenouillés mains sur la tête, en écho aux interpellations de Mantes-la-Jolie la semaine précédente, avec une pancarte : «Alors les CRS, ça gaz ?»
La CGT critique aussi les annonces d’Emmanuel Macron, notamment la hausse de la rémunération des salariés au Smic sans mettre à contribution les entreprises. «Nous allons de nouveau interpeller le président de la République et le Premier ministre pour que des négociations s’ouvrent sur l’augmentation du Smic», a déclaré Philippe Martinez, dont le syndicat réclame un salaire minimum à 1 800 euros brut (contre près de 1 500 actuellement).
Les Gilets jaunes mettent du plomb dans l’aile des syndicats
«Il est évident que l’avenir est sombre pour les organisations syndicales car les Gilets jaunes ont fait la démonstration que, par des mobilisations horizontales via les réseaux sociaux, il est possible de parvenir à créer des dynamiques ou des rapports de force qu’elles-mêmes n’arrivent plus à créer», expliquait récemment à l’AFP Stéphane Sirot, spécialiste du syndicalisme.
Seul Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, qui a par ailleurs détrôné cette semaine la CGT comme premier syndicat tous secteurs confondus après les élections dans la fonction publique, a essayé de se placer dans le jeu gouvernemental depuis le début.
La stratégie de la CGT est quant à elle difficilement lisible : la centrale de Montreuil paraît dépassée par un mouvement social inédit qui compte à certains endroits des militants CGT dans ses rangs quand, ailleurs, la discussion est impossible.
«La majorité des Gilets jaunes n’ont jamais croisé de syndicats, donc ils sont très réservés, donc on essaie d’aller au devant», a reconnu Philippe Martinez, disant partager leur colère.
En interne, plusieurs fédérations ont souhaité que des «discussions puissent se tenir partout» avec les Gilets jaunes pour que «chacun contribue dans son domaine à développer le rapport de force». «La CGT ne peut pas détourner le regard de cette colère sociale», ont écrit plusieurs dizaines de ses militants, dont l’ancien délégué des «Conti» Xavier Mathieu, dans une «lettre ouverte» relayée par le quotidien Libération.