Huit ans après l’intervention occidentale, la Libye ne s’acclimate pas à la démocratie et s’enfonce dans la guerre civile. Deux centres de pouvoir, une multitude d’acteurs locaux et internationaux impliqués : quelle sera l’issue du bras de fer ?
Pays le plus riche d’Afrique il y a dix ans, la Libye apparaît aujourd’hui plus que jamais enlisée dans les conflits. Deux camps s’y disputent le pouvoir. Le premier, c’est le Gouvernement d’unité nationale, siégeant à Tripoli et dirigé par le Premier ministre Fayez al-Sarraj. Le deuxième est le Parlement, à Tobrouk, qui soutient le maréchal Khalifa Haftar et son armée. Paradoxalement, l’ONU reconnaît les deux : le Gouvernement de Tripoli a été formé sous ses auspices alors que le Parlement a été élu au cours d’un scrutin national considéré comme légitime.
Or, le conflit ouvert et armé entre ces autorités prend de l’ampleur en avril 2019. Le maréchal Khalifa Haftar lance une vaste opération militaire sur Tripoli. Une offensive qui répond, selon lui, à la demande du peuple libyen d’éradiquer le terrorisme. Après deux mois de combats, la capitale est toujours contrôlée par le Gouvernement de Sarraj. Ses forces annoncent une contre-offensive mais leurs succès restent limités. L’ONU, de son côté, appelle au dialogue, mais toutes les tentatives d’organiser des négociations échouent. Une situation difficile qui provoque des dissensions à l’international. L’Egypte, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis ont choisi leur camp et se rangent du côté d’Haftar. Le Qatar et la Turquie, au contraire, soutiennent le Gouvernement d’unité nationale.
Quelle est la position des poids lourds géopolitiques : les Etats-Unis, la France, la Russie ? Quels sont d’autres défis auxquels fait face la Libye ? Comment le conflit influence-t-il la situation humanitaire dans le pays ? Pour répondre à ces questions, Oleg Shommer interroge Hamid Chriet, géopolitologue et éditorialiste.