Ce jeudi 24 septembre, plus de 1.000 magistrats se sont rassemblés dans toute la France, afin de dénoncer les atteintes de l’actuel garde des Sceaux à l’encontre de l’indépendance de la justice.
Avant-hier, une centaine de magistrats, vêtus de leurs robes noires, se sont rassemblés sur les marches du parvis du tribunal judiciaire de Paris. Ils souhaitaient, par cette action, faire part de leurs inquiétudes concernant les récentes prises de décision d’Éric Dupond-Moretti. « Il y a la demande d’enquête sur des magistrats dénommés, sa prise de parole sur l’École nationale de la magistrature (ENM) […] C’est une attaque en règle contre nous. Et provenant de notre ministre de tutelle, ça nous déstabilise. » déclare une magistrate. L’Union syndicale des magistrats (USM) et le Syndicat de la magistrature (SM) à l’origine de la mobilisation, dénoncent une « tentative de déstabilisation de l’institution judiciaire » par un garde des Sceaux « placé dans une situation objective de conflit d’intérêts ».
Une avocate, nommée à la tête de l’ENM
Pour la première fois de son histoire, l’École nationale de la magistrature sera dirigée par une avocate, Nathalie Roret, désignée par Éric Dupond-Moretti. Si cette nomination a été qualifiée de « provocation » par une partie des magistrats, d’autres estiment que ce n’est pas un problème : « Pourquoi pas, une avocate ! Si on peut s’enrichir mutuellement des deux côtés de la barre, c’est très bien », estime une jeune juge. C’est le discours d’Éric Dupond-Moretti qui excède cette branche de la justice. Dans son allocution, le garde des Sceaux a dit regretter « les traditions surannées » d’une école qui entretiendrait « le vase clos, l’entre-soi » et le « corporatisme » des magistrats. Ces propos « illustre une méconnaissance du recrutement des magistrats », dénonce la jeune magistrate.
Un règlement de compte…
Après avoir retiré sa plainte visant le PNF pour « violation de l’intimité de la vie privée et du secret des correspondances », le garde des Sceaux a décidé de revenir sur sa décision. Les magistrats mis en cause avaient, entre 2014 et 2019, épluché les listes d’appels téléphoniques de plusieurs ténors du barreau parisien, afin d’identifier la taupe qui aurait informé Nicolas Sarkozy et son avocat, qu’ils étaient sur écoute. Katia Dubreuil, présidente du SM, accuse le ministre de la Justice de vouloir « régler ses comptes » avec ces trois magistrats, et pour cause, il faisait lui-même partie des avocats surveillés par le PNF…
⚡??CITATION -« Depuis son arrivée, #DupondMoretti se met au service de son ami #Herzog, l’avocat de #Sarkozy, et au service de l’ex-PR, il ne défend pas l’intérêt général mais ses intérêts perso. et la défense de ses amis. » J.Raynaud, magistrat. (Parisien) https://t.co/1cVkEVXnR8
— Brèves de presse (@Brevesdepresse) September 25, 2020
L’indépendance de la justice en jeu ?
Les slogans « Garde des Sceaux, garde des siens ? » ou encore « Défendre des principes comme avocat, les bafouer comme ministre » inscrits sur les banderoles des magistrats, semblent témoigner de leurs inquiétudes quant à l’indépendance de la justice. Jacques Raynaud, le magistrat de la cour d’appel de Paris dénonce un conflit d’intérêts : « Depuis son arrivée au ministère, début juillet, Éric Dupond-Moretti se met au service de son ami Thierry Herzog, l’avocat de Nicolas Sarkozy, et au service de l’ex-président de la République ». L’Union syndicale des magistrats et le Syndicat de la magistrature ont engagé une procédure devant la justice administrative pour « excès de pouvoir ».
Le Média pour Tous
Eric Dupond-Moretti va vite apprendre son métier de Ministre. Il s’est mis dans une galère monstre mais il va assumer et s’en sortir car très intelligent.