L’aide alimentaire, dont dépendent des millions de personnes en France, repose sur un vaste système de défiscalisation encourageant la surproduction. Pire, certaines grandes surfaces se débarrassent de denrées inutilisables auprès d’associations caritatives, tout en bénéficiant de réductions d’impôts.
Chaque année, l’État consacre près de 500 millions d’euros pour l’aide alimentaire, permettant aux familles les plus démunies de ne pas rester le ventre vide. 75 % de ces aides publiques sont des ristournes fiscales, qui bénéficient en premier lieu aux grandes surfaces. Celles-ci sont ainsi subventionnées pour faire des dons. Elles ont en plus la mauvaise habitude de distribuer aux organisations caritatives des denrées proches de leurs dates de péremption.
Quatre mois après le déconfinement, le Secours populaire français redoute « un raz de marée de la misère ». L’activité de ses comités locaux n’a pas diminué depuis le 11 mai, au contraire. Beaucoup de familles en grande difficulté n’ont toujours pas repris le travail et voient les factures s’accumuler. Selon les calculs de la chercheuse Dominique Paturel, entre 1,6 et 2,7 millions de personnes auraient ainsi basculé dans l’aide alimentaire avec le confinement. Durant cette période, « les acteurs des distributions alimentaire estiment que le nombre de bénéficiaires a augmenté de 30 à 50% » note t-elle [1]. Ils viennent s’ajouter aux 5,5 millions de personnes qui recouraient déjà à l’aide alimentaire.