Jadis, travailler à La Poste constituait un sacerdoce où le secret de la correspondance, la continuité territoriale et la probité se plaçaient au-dessus de toute considération de salaire, de confort ou même de carrière. Puis, dans les années 1980, il fut expliqué qu’il fallait « bouger avec La Poste »… Ce qui a probablement beaucoup fatigué la vénérable institution.
À partir de là, les choses se sont gâtées au point qu’on en vient à lire que La Poste perd des trouzaines de colis en toute décontraction, et qu’on en reste relativement peu ému.
Il y a trente ans, cette dernière mésaventure aurait probablement déclenché quelques articles de presse assez poivrés et quelques éclats de voix chez les politiciens. De nos jours, cela passe inaperçu. Probablement parce que, dans le même temps, on apprend que l’assurance maladie n’indemnisera probablement plus les arrêts maladie de moins de huit jours dans un avenir proche, la Cour des comptes estimant que cette mesure permettra d’économiser quelques deniers sur ce service public déjà fort mal en point.
Bien sûr, on se doute déjà qu’il n’y aura aucune économie (les individus auparavant en arrêt pour 4 ou 5 jours verront leurs arrêts étendus à 8, voilà tout) mais au moins pourra-t-on afficher quelque part qu’une réforme et des efforts de rationalisation ont été entrepris.
Et alors que l’attention du lecteur s’éloigne fort loin des problèmes de La Poste et que ceux de l’assurance maladie commencent déjà à prendre du champ, on découvre que la SNCF, autre service public jadis renommé de par le monde, vient d’accorder une prime de 95 euros brut par jour pour ses cheminots pendant la période des Jeux olympiques, le petit chantage à la grève des syndicats du service de transport public ayant porté ses fruits : voilà un argent rudement bien gagné, d’autant que la qualité du service, la ponctualité des trains, la solidité des horaires, et la maintenance du réseau en général, n’ont jamais été aussi bonnes, comme en témoignent quelques coupures de presse prise au hasard (chaque semaine en apportant son lot presque continu).
Saperlipopette, on dirait vraiment que les services publics français ne sont plus ce qu’ils ont été, me direz-vous !
Malgré tout, il serait faux d’en déduire que la déroute est complète, totale, que tout se réduit toujours à sa plus simple expression dans le pays de Molière.
Non, ce serait exagéré.
Ainsi, loin de se réduire, le taux de smicards est passé de 10,5 % en 2017 à 17,3 % en 2023. Voilà un chiffre dont ce nigaud de Bruno Le Maire serait capable de se réjouir.