Une dizaine de permanences parlementaires de députés LREM ont été dégradées après la ratification du Ceta. Une situation « intolérable » pour les signataires de cette tribune.
Les permanences parlementaires des députés de la majorité sont de nouveau prises pour cible. En Haute-Saône, dans le Jura, la Creuse, le Lot-et-Garonne, les Pyrénées-Orientales, en Gironde, des permanences de députés LREM, ayant voté pour la ratification du Ceta, ont subi de multiples dégradations : que ce soit avec du fumier déversé, des tags inscrits ou des murets construits. Si les agriculteurs sont pointés du doigt pour certaines de ces attaques, à Perpignan, ce sont les « gilets jaunes » qui sont accusés d’avoir cassé les vitres et tenté de mettre le feu à la permanence du député LREM Romain Grau. Dans une tribune publiée mardi 30 juillet sur le site de franceinfo, 20 députés bretons de la majorité s’inquiètent de cette situation. Ils s’expriment ici librement.
Nous sommes en train de nous habituer à l’intolérable : les institutions politiques et administratives sont vouées aux gémonies sans que jamais aucun de leurs ennemis ait dit ce que nous serions sans elles. Plutôt que de détruire les institutions, il nous faut tous être capable de définir celles dont nous avons besoin. Et la démultiplication de référendums pour dire non ne saurait être le seul remède.
« Ils souhaitent le pire »
Loin des caricatures, nous essayons députés de la majorité, dans notre diversité, d’œuvrer pour tous, agriculteurs comme environnementalistes, chefs d’entreprise comme salariés, retraités comme actifs, femmes comme hommes. On nous appelle à la solidarité avec les générations futures, les plus pauvres, les migrants et l’on nous demande aussi de préserver les emplois d’aujourd’hui et de créer ceux de demain, de favoriser la compétitivité de la France, de bâtir une Europe plus sociale, plus environnementale, plus solidaire.
Cela peut être perçu comme des injonctions contradictoires, nous le vivons comme une responsabilité politique : celle d’organiser démocratiquement le vivre-ensemble et rendre possible la diversité et les contradictions du réel au lieu de les amplifier.
En lieu et place on voit nos permanences murées, cassées, les députés dénoncés sur tel ou tel réseau social parce qu’ils auraient mal voté, certains ont eu leur domicile visité et même incendié.
Les signataires de la tribune
Et certains, qui croient que les réseaux sociaux permettent toute veulerie, lâcheté, insulte, s’en félicitent même. Cet ensauvagement des mots et du monde ne peut produire que le pire et pourtant certains soufflent sur ces braises. Car ils souhaitent le pire. Pas nous !
« Nous ne laisserons pas se développer la haine »
Nous ne laisserons pas se développer la haine sur internet et dans la société, nous ne tolérerons pas que certains caricaturent l’agriculture, tout comme nous ne laisserons pas d’autres vouloir condamner les associations environnementales. Il ne sera jamais toléré que la violence et la destruction se substituent au dialogue et à la démocratie.
Nous avons besoin de toutes et tous. Revendiquons tous nos responsabilités de femme, d’homme, de citoyens. Révoltés, interrogeons-nous sur nos propres comportements et idées reçues, faisons la balance entre nos égoïsmes et nos exigences. On peut choisir de bâtir le monde, de faire Bretagne, France et Europe ou de les détruire. Nous avons choisi, en responsabilité et même en cohérence, de faire. « La liberté et la démocratie exigent un effort permanent. Impossible à qui les aime de s’endormir », avait dit François Mitterrand. Nous nous y efforçons !