Ils s’appellent Joseph, Mauricio, Nadine, Stanislas, Stéphane, Olivier, Michel et semblent, en nous racontant le travail à l’abattoir, témoigner d’une sorte de front de guerre insensé et irréel, d’un monde aussi indescriptible qu’innommable, et pourtant, bien qu’« invisible » aux yeux de ceux qui n’y pénètrent jamais, bel et bien réel puisqu’installé à la porte de nos villes et villages. Ils décrivent ce qui les a conduits à devoir s’y rendre et à n’avoir comme seul choix que de ne plus pouvoir en partir. Disent combien ce travail à nul autre comparable est source de tourments. Il est question de blessures psychiques, de détresse et failles émotionnelles, de distorsions psychologiques, de cauchemars récurrents, de traumatismes, et en creux de tous les non-dits.
En plus des récits des ouvriers viennent s’ajouter la parole de Martial, un ancien agent vétérinaire en abattoir, et celle de Sandro de Gasparo, ergonome de l’activité, spécialiste en santé et travail, qui a participé il y a quelques années à une étude sur les souffrances psychiques des ouvriers en abattoir.
Les images du film ont été réalisées en forêt, qui tient symboliquement lieu de « monde à part » en marge du réel, à l’instar de ce qu’est l’abattoir quand on en décrit l’activité concrète et au vu de la place qu’il occupe au sein de notre société.
Je ne sais pas quoi penser après avoir vu ce reportage. Il y a des gars avec leur tête, jamais je n’imaginerais qu’ils travaillent dans un abattoir. Mais on ne les a pas forcés non plus ! Il y en a un Stanislas, et bien je voulais donner ce nom à mon garçon. Car pour moi les Stanislas font de bonnes études, bref, mon gamin est fou des animaux et si il voit un ou plusieurs gamins taper un chat ou un chien, il m’a dit qu’ils s’en fiche et irait si il le faut tabasser les laches. Je sais… Lire la suite »