Ramsay Santé, Vivalto Santé, DomusVi… Ces entreprises privées lucratives, actives dans les cliniques et Ehpad, sont liées à la Caisse des dépôts et consignations et incarnent le « modèle français de privatisation » appliqué à la santé. Enquête.
Le secteur privé lucratif des maisons de retraite et des cliniques monte en puissance dans le domaine de la santé en Europe. Un lent processus de privatisation, associé au vieillissement de la population européenne, a ouvert un nouveau marché prometteur en termes de profits. Un marché de plus en plus dominé par une poignée d’entreprises de plus en plus grosses. Une grande partie de ces multinationales sont… des groupes français : Korian, Orpea, DomusVi, Colisée, Vivalto Santé ou Elsan. Ils se sont lancés en partie grâce aux connexions privilégiées de leurs fondateurs avec la haute administration.
Comme pour d’autres champs de la privatisation des services publics en Europe (télécoms, services postaux, chemins de fer…), ce sont généralement les entreprises basées dans les pays européens les plus importants en termes de population (France, Allemagne, Espagne, Italie…) qui parviennent à s’agrandir et acquièrent rapidement des entreprises concurrentes plus petites. Ces groupes ont un marché intérieur plus large qui leur donne la force de frappe financière nécessaire pour se placer parmi les gagnants du marché unique. Ce phénomène se répète dans le domaine du soin.
La santé, exemple du « modèle français de privatisation »
La montée en puissance du secteur privé dans la santé est le dernier épisode d’une histoire plus longue, « celle du modèle français de privatisation ». Ce n’est pas un accident si certains des grands groupes de santé privés lucratifs et ses cadres ont été associés, tôt dans leur carrière, aux ancêtres de Veolia et Suez, les champions français de la gestion privatisée de l’eau et des déchets. La santé, l’eau, les déchets, sont à la base d’un même « business model » : faire de l’argent avec une source de revenus sans risque car provenant de la gestion d’un service public de base largement subventionné, directement et indirectement, par les autorités publiques.