Les études recensées dans la lettre adressée par le collectif au Président de la République Emmanuel Macron sont tout simplement sidérantes. Parmi elles : le nombre de tumeurs du cerveau a été multiplié par 4 en 20 ans et Santé Publique France évoque le rôle des radiofréquences et des téléphones portables.
Le nombre de personnes atteintes de cancer augmente inlassablement dans le monde entier, et la France n’y fait pas défaut. Si les cancers sont le résultat de plusieurs causes, les risques liés à notre environnement sont de plus en plus pointés du doigt par les chercheurs et les populations qui en sont victimes. Pourtant, la Stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 promulguée par le gouvernement français manque cruellement d’ambition en termes de santé environnementale. Face à la gravité de la situation, un collectif d’associations citoyennes et professionnelles de la santé dénonce la culpabilisation systématique des comportements individuels à risque par le gouvernement, au détriment des expositions environnementales et leurs conséquences sanitaires.
La hausse continue du nombre de cancers
L’an dernier, deux rapports de l’OMS et du Centre international de recherche contre le cancer tiraient la sonnette d’alarme : le cancer est en forte progression dans le monde et en France. Au niveau mondial, les deux institutions spécialisées en santé publique estiment que le nombre de cas de cancers pourrait augmenter de 60% dans le monde au cours des deux prochaines décennies, avec une augmentation de 23,8% des personnes touchées en France en 2040 et une croissance de 35,9% du nombre de décès sur la même période.
C’est une tendance à la hausse continue. Entre 1990 et 2018, en France, les nouveaux cas avaient déjà augmenté de 6% chez l’homme et 45% chez la femme, et cela abstraction faite de l’augmentation de la population et de son vieillissement selon un rapport du 2 juillet 2019.
Résultat : la France se situe au 9e rang au niveau mondial des pays touchés par le cancer (5e rang pour les hommes, 12e rang pour les femmes), mais au 4e rang pour le cancer du sein, 1er cancer féminin du pays (soit le 2e rang au niveau mondial pour les femmes de moins de 59 ans) et au 7e rang pour le cancer de la prostate.
« La France est effectivement parmi les pays les plus touchés par le cancer, c’est même la première cause de mortalité dans notre pays. Quand on voit qu’on est le deuxième pays au monde concernant le cancer du sein pour les femmes de moins de 59 ans, on se rend vite compte qu’un cancer n’est pas lié à l’âge. Qu’est-ce qui fait la particularité de la France pour expliquer cette situation ? Vu le nombre de morts, je n’hésite pas à utiliser le mot de féminicide ! Toutes ces morts sont évitables. Le Bouthan a 20 fois moins de cancers du sein que la France, à population égale. Et la seule explication à cet écart, c’est l’environnement au sens large. » explique le toxicologue André Cicolella, Président du Réseau Environnement Santé, et auteur du livre « Cancer du sein. En finir avec l’épidémie » pour La Relève et La Peste
Les enfants sont loin d’être épargnés par ce phénomène. Selon une étude publiée dans la revue scientifique « The Lancet Oncology », les cancers chez les enfants ont augmenté de 13% en 20 ans, alors qu’ils sont non-fumeurs et ne boivent pas d’alcool.