Les avocats des salariés d’Arjowiggins, dont quelque 800 vont perdre leur emploi, dénoncent «des mouvements de fonds illicites» de plus de 20 millions d’euros. L’Etat est le principal actionnaire du groupe propriétaire d’Arjowiggins.
Dans un courrier daté du 8 avril adressé à Pascal Lebard, PDG du groupe Sequana, propriétaire d’Arjowiggins, les avocats font état de «mouvements de fonds intervenus entre la date de cessation des paiements des deux sociétés [Arjowiggins Papiers Couchés et Le Bourray] et l’ouverture des procédures de redressement judiciaire à leur égard, au bénéfice des société Antalis et Arjowiggins Sourcing [autres filiales du groupe Sequana] pour un montant total supérieur à 20 millions d’euros».
Or le code de commerce interdit «les paiements intervenus à compter de la date de cessation des paiements lorsque ceux qui ont traité avec le débiteur ont eu connaissance de la cessation des paiements» selon les avocats.
Pour eux : «Ce pillage organisé de la trésorerie des sociétés Arjowiggins Papiers Couchés et Arjowiggins Le Bourray a gravement entravé la poursuite de l’activité des entreprises à la suite de l’ouverture du redressement judiciaire et irrémédiablement compromis les chances de trouver un repreneur.»
Le tribunal de commerce de Nanterre a prononcé le 29 mars la liquidation judiciaire d’Arjowiggins Papiers Couchés à Bessé-sur-Braye et la cession partielle de l’usine du Bourray, entraînant le licenciement de quelque 800 salariés.
Thomas Hollande, l’un des avocats des salariés, a précisé avoir mis en demeure Pascal Lebard, PDG du groupe Sequana de financer à hauteur de 20 millions d’euros, montant du préjudice présumé, les plans de sauvegarde de l’emploi des deux sociétés.
#Ford écarte la reprise de l’usine de #Blanquefort, 850 emplois menacés
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— RT France (@RTenfrancais) 25 février 2019
Dans un second courrier, les représentants du personnel d’Arjowiggins interpellent par ailleurs le directeur général de Bpifrance, actionnaire à 15,4% de Sequana, dont ils dénoncent la «responsabilité flagrante» dans le «désastre» subi.
Ils accusent la banque publique et Sequana d’avoir mis en œuvre «d’un commun accord» une stratégie visant à «vider le groupe de ses outils industriels […] pour se concentrer sur l’activité de distribution exploitée au sein de la branche Antalis».
Ils dénoncent notamment des prêts consentis par Bpifrance à Sequana «à des taux d’intérêts ruineux de 10 à 14%», et relèvent qu’aucune des sommes prêtées n’a servi à financer des investissements sur les sites sarthois.
Dans une troisième lettre, adressée cette fois au ministre de l’Economie Bruno Lemaire, les représentants du personnel déplorent son manque d’engagement dans le dossier et l’appellent à trouver une solution de financement au projet de reprise par les salariés.