Anne Hidalgo enterre la gratuité des transports en commun à Paris



La mesure évoquée depuis mars 2018 aurait coûté cher sans réduire significativement les nuisances de l’automobile.

C’est non. Après neuf mois de réflexion et de consultation, Anne Hidalgo renonce à rendre totalement gratuits les transports en commun, un projet choc qui aurait pu être au cœur de la campagne pour les élections municipales de 2020 et faire de Paris un exemple à l’échelle mondiale.

C’est ce que la maire de la capitale annonce, jeudi 10 janvier, tout en présentant une série de vingt-trois projets de moindre ampleur, dont la gratuité pour les enfants jusqu’à 11 ans. « La gratuité ne peut pas être à elle seule l’alpha et l’oméga d’une politique de transports ou de mobilité », défend-elle dans un entretien à Libération.

Fallait-il rendre le bus, le métro, le RER et le tramway entièrement gratuits pour tous dans Paris et sa banlieue ? L’élue avait brandi cette idée en mars 2018, une façon de rebondir après le fiasco de Velib’ et d’Autolib’. « Mon intuition est que, sans doute, la gratuité est un bon moyen de faire reculer plus vite la voiture individuelle polluante », déclarait-elle encore en septembre dans un entretien au Monde, en citant l’exemple de Dunkerque (Nord) : « Son maire a mis en place la gratuité et c’est une grande réussite. »

Restait à valider cette « intuition ». L’hypothèse a très vite suscité des doutes, des critiques. Bruno Julliard, ex-premier adjoint à la maire de Paris, l’a évoquée en septembre parmi les points de divergence à l’origine de sa démission. Quant à Valérie Pécresse, présidente (Les Républicains, LR) de la région, et à ce titre première responsable des transports en Ile-de-France, elle a immédiatement commandé une étude, bouclée en septembre. Sa conclusion : « La gratuité ne répondrait à aucun des enjeux d’une mobilité durable en Ile-de-France. »

Impact marginal sur l’environnement

C’est aussi, peu ou prou, le bilan dressé par les trois adjoints auxquels Anne Hidalgo avait demandé d’expertiser le sujet. Leur rapport, rendu public jeudi, est sans appel : la gratuité totale coûterait cher à la collectivité pour un impact marginal sur l’environnement, « et ce, au prix d’une tension accrue sur le réseau de transport collectif ».

Le prix ne constitue en effet pas le critère décisif en fonction duquel est choisie la voiture. Ce mode de déplacement est surtout privilégié pour le gain de temps qu’il permet. Dans ces conditions, rendre gratuits les transports publics ne suffit pas à faire changer le comportement des automobilistes. Au mieux, la mesure entraînerait une baisse du trafic de 2 % à 5 %, montrent les simulations effectuées pour la mairie. Pas de quoi améliorer du tout au tout la qualité de l’air.

En revanche, la gratuité pourrait inciter de nombreux piétons et cyclistes à se tourner vers les transports publics. Ce qui serait négatif pour la santé publique, et aggraverait la saturation du réseau. Rapidement, le nombre de déplacements en transports collectifs pourrait gonfler de 36 % à 48 %, selon le rapport remis à la maire. Or « quiconque prend des lignes de métro comme la 1, la 4 ou la 13 sait qu’il n’y a plus la moindre place le matin, relève Gaspard Gantzer, l’ancien conseiller de François Hollande qui prépare sa propre liste pour les municipales. Avec la gratuité, où les mettrait-on, les gens ? Il faut d’abord investir dans le réseau. »

Autres mesures, moins coûteuses

Le coût de la mesure, lui, ne fait pas de doute. Les 3,3 milliards d’euros acquittés chaque année par les usagers financent 27 % du coût de fonctionnement des transports publics. S’ils ne payent plus, qui le fera à leur place : les contribuables, les entreprises, ou les automobilistes, en instaurant un péage à l’entrée de Paris ? Aucune solution ne paraît facilement jouable.

Exit, donc, la gratuité totale des transports publics. Anne Hidalgo en a fait son deuil. Pour réduire les nuisances liées à l’automobile, « les mesures de restriction de circulation sont les plus efficaces », notent ses adjoints.

Avec son équipe, la maire de Paris n’en propose pas moins d’autres mesures, moins coûteuses. Cette fois-ci, il s’agit avant tout d’aider certains publics ciblés à accéder aux transports en commun. Le Pass Navigo, déjà gratuit pour les enfants de moins de 4 ans, devrait ainsi le devenir à partir du 1er septembre jusqu’à 11 ans, ainsi que pour les moins de 20 ans handicapés. De même, le forfait Imagin’R devrait être remboursé à 50 % pour les collégiens et les lycéens. Coût total : 15 millions d’euros en année pleine.

Source lemonde.fr – lire la suite de l’article

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