Rongeurs, insécurité, hygiène désastreuse, conditions de détention indignes… De nombreuses alertes ont été émises sur les locaux de l’Office antistupéfiants d’Orly, une antenne méconnue et isolée. Elle lutte pourtant au quotidien contre les mules et les arrivées massives de drogue par les airs.
L’Office antistupéfiants (Ofast) fait la fierté du ministère de l’Intérieur. Lancé en grande pompe en septembre 2019, ce service de police judiciaire chargé de lutter contre le trafic international de stupéfiants était présenté comme « la DEA à la française », en référence à la puissante agence antidrogue américaine.
Le bilan est d’ailleurs flatteur : depuis sa création, l’Ofast a multiplié les saisies spectaculaires et rattrapé de nombreux narcotrafiquants d’envergure internationale, où qu’ils se cachent dans le monde, comme en témoigne l’arrestation récente au Maroc de Félix Bingui, le chef du redouté clan marseillais « Yoda ».
Loin des polémiques d’antan sur les méthodes de son ancêtre l’Ocrtis, l’Ofast, inaugurée dans ses locaux principaux à Nanterre (Hauts-de-Seine), s’est imposée comme le chef de file de la lutte antistups sur le plan national.
Des rongeurs qui défèquent sur la nourriture des suspects…
Derrière cette vitrine flambant neuve, qui imaginerait qu’une douzaine d’enquêteurs du service exercerait dans… un hangar infesté de rats, loin des regards ? Méconnue du public, une antenne de l’Ofast est en effet installée depuis 2020 dans une zone de fret près de l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne), au milieu d’entrepôts de sociétés de logistique et de commerce international.
Elle a été créée spécifiquement pour faire face à la hausse exponentielle de passages de drogue par voie aérienne à Orly, où, selon un rapport récent, 100 kg de cocaïne arrivent chaque jour à l’aéroport. Les policiers de l’antenne Ofast d’Orly luttent au quotidien contre les mules, en provenance des Antilles et en particulier de la Guyane, et remontent la piste des trafiquants internationaux. De nombreuses gardes à vue de l’Ofast se déroulent dans leurs locaux…
Mardi 5 mars, deux représentants du bâtonnier du Val-de-Marne ont effectué une visite surprise des locaux de l’antenne d’Orly. Celle-ci a été permise grâce à la récente loi Dupond-Moretti qui autorise désormais les avocats à contrôler les lieux de privation de liberté afin de vérifier que la dignité et les droits des personnes retenues sont préservés. Leur rapport s’annonce particulièrement salé tant les robes noires ont été particulièrement choquées de la vétusté des lieux et par les conditions dans lesquelles les gardés à vue sont interrogés.
Outre le fait que l’antenne soit implantée dans un hangar en tôle, ce qui est peu commun pour un service de police judiciaire, les suspects ont pour geôles des préfabriqués de type Algeco, sans point d’eau, sans ventilation et sans aucun espace de confidentialité pour les entretiens avec leurs avocats. En guise de sanitaires, une toilette sèche de chantier sans robinet. Pire encore, la présence massive de rats et de souris qui défèquent sur la nourriture réservée aux suspects…