Sur Europe 1, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations a appelé mercredi à prendre de la hauteur après la polémique sur le hijab de sport, que Decathlon a renoncé à commercialiser.
Deux ans après l’affaire du « burkini », la polémique en France autour du « hijab » de running, que le groupe Decathlon a finalement renoncé à commercialiser mardi, a provoqué une levée de boucliers dans la classe politique, tous bords confondus. Des commentaires qu’a assez peu appréciés Marlène Schiappa. Sur Europe 1, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations fustige notamment « ceux qui se prétendent pour le féminisme et l’égalité femmes-hommes, et qui n’en parlent que quand il s’agit de voile, mais qui ne parlent jamais d’accès à l’IVG, de contraception, de harcèlement de rue ou d’inégalités salariales ».
Fractures apparentes chez LREM. Si Marlène Schiappa cible plus volontiers le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan ou le Rassemblement national de Marine Le Pen, la secrétaire d’État réagit aussi aux profondes divisions apparues sur le sujet au sein de la majorité. « La laïcité, ce n’est pas l’athéïsme d’État. Cette obsession du voile et de l’islam […] est une exception française dont on se passerait bien », a notamment tweeté Aurélien Taché, député LREM du Val-d’Oise, quand sa collègue Aurore Bergé déclarait, elle aussi sur Twitter : « Mon choix de femme et de citoyenne sera de ne plus faire confiance à Decathlon, marque qui rompt avec nos valeurs ».
Laïcité et égalité femmes-hommes « méritent autre chose que des réactions pavloviennes ». « La laïcité, comme l’égalité femmes-hommes, sont des valeurs fondamentales de la République française et méritent autre chose que des réactions pavloviennes, de tweets contre tweets », recadre ainsi la secrétaire d’État, qui a d’ailleurs co-écrit un ouvrage sur le sujet en 2018, Laïcité, point. « Ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous divise », rappelle-t-elle toutefois. Sous son impulsion, le premier débat d’idées au sein de la majorité, prévu le 20 mars prochain et censé « déterminer la ligne » du parti, sera précisément consacré à ce thème.
« On peut parler d’islam et de voile de façon apaisée ». Car Marlène Schiappa l’assure : « On peut parler d’islam et de voile de façon apaisée ». Mais « il faut véritablement se poser la question du message que l’on veut envoyer ». Le sien est en partie le suivant : « Les femmes ont le droit, si c’est leur choix, si c’est leur liberté de conscience, de porter le voile, mais il faut aussi soutenir les femmes, qui partout dans le monde, courageusement, au péril de leur vie, choisissent de retirer leur voile, ou celles qui dans certains quartiers en France sont contraintes de le porter ».