M. Cohen devant le Congrès dresse un portrait ravageur de Trump



Le témoignage de M. Cohen devant le Congrès dresse un portrait ravageur de l’homme d’affaires devenu 45e président des Etats-Unis, pour qui il a commencé à travailler en 2007.

L’audition parlementaire très attendue de l’ex-avocat personnel de Donald Trump, Michael Cohen, a débuté mercredi 27 février. Ce dernier est apparu souriant, apparemment détendu, au Capitole, siège du Congrès, pour une audition publique devant la commission de suivi de l’action gouvernementale de la Chambre des représentants.

« Je suis ici pour dire au peuple américain ce que je sais du président Trump », a déclaré M. Cohen. « Je regrette le jour où j’ai dit oui à M. Trump (…) J’ai honte » d’avoir collaboré avec lui, a-t-il ajouté. « [Donald Trump] est un raciste, un escroc, un tricheur ». Travailler pour Donald Trump, c’est être prêt à mentir « tous les jours » pour le protéger, a également assuré l’ancien avocat personnel du président américain, dressant le portrait d’un « autocrate » en devenir selon lui.

« Le travail de chaque personne à la Trump Organization est de protéger M. Trump. Tous les jours, la majorité d’entre nous savait que l’on allait mentir pour lui à propos de quelque chose », a dit Michael Cohen devant les élus. « C’est devenu la norme et c’est exactement ce qui est en train de se passer dans ce pays, exactement ce qui est en train de se passer au gouvernement », a lancé celui qui a travaillé pendant dix ans pour la société de M. Trump.

« J’assume mes erreurs »

En ouverture de l’audition, le président démocrate de la commission d’enquête de la Chambre des représentants, Elijah Cummings avait ainsi présenté l’ex-avocat de Trump : « Le peuple américain peut juger par lui-même de la crédibilité » de Michael Cohen, condamné à trois ans de prison pour fraude fiscale, parjure et infraction au code électoral.

Tout au long de son audition, M. Cohen a été durement attaqué par des élus républicains, qui n’ont cessé de rappeler qu’il avait menti lors d’une précédente apparition devant le Congrès. L’ancien avocat s’est défendu pied à pied. « Honte à vous », a-t-il répondu à Jim Jordan, particulièrement virulent à son égard. « J’assume mes erreurs. Je vais aller en prison. Je vais être loin de ma femme et de mes enfants pendant des années », a-t-il dit, le visage fermé.

« Il ne plaisante pas »

M. Cohen a également été interrogé par un élu démocrate sur ce qui l’avait fait se retourner contre son ancien patron. L’ancien avocat a notamment évoqué « la destruction quotidienne de notre civisme ».

« Quand M. Trump (…) a dit “je pourrais tirer sur quelqu’un sur la Ve Avenue [à New York] et m’en tirer en toute impunité”, je veux être très clair. Il ne plaisante pas. Il vous dit la vérité. Vous ne le connaissez pas, moi oui. »

« Et quand il va sur Twitter et commence à parler de mes beaux-parents, de mes parents, de ma femme (…), il envoie le même message : qu’il peut faire ce qu’il veut. Que c’est son pays. Il est en train de devenir un autocrate. »

L’ancien avocat, qui a été radié du barreau et sera incarcéré en mai, a aussi dit que les propos de M. Trump sur une manifestation de suprémacistes blancs à Charlottesville, en Virginie, en 2017, avaient compté dans son changement d’attitude. Le président avait à l’époque fait scandale en disant que « des gens très bien » figuraient parmi eux.

Trump a « menti » sur le « projet immobilier de Moscou »

Michael Cohen a ensuite affirmé que M. Trump connaissait à l’avance les révélations de WikiLeaks sur sa rivale Hillary Clinton. « On s’est demandé si j’avais connaissance de preuves directes démontrant que M. Trump, ou son équipe de campagne, avait comploté avec la Russie. Je n’en ai pas. Je veux être clair. Mais j’ai des soupçons », a déclaré Michael Cohen.

L’ancien avocat a aussi affirmé que les discussions sur un projet de Trump Tower à Moscou de la société de Donald Trump s’étaient prolongées courant 2016. Le magnat des affaires a au contraire maintes fois affirmé que ni lui ni ses collaborateurs n’étaient liés à des intérêts russes ou en discussions avec des Russes pendant sa campagne électorale.

« Soyons clairs : M. Trump était au courant et a dirigé les négociations Trump à Moscou tout au long de la campagne et a menti à ce sujet. Il a menti parce qu’il n’aurait jamais pensé gagner l’élection, a déclaré M. Cohen. Il a aussi menti à ce propos parce qu’il pensait gagner des centaines de millions de dollars grâce au projet immobilier de Moscou. »

D’autres enquêtes impliquant Trump

Après plusieurs heures de témoignage à charge contre Donald Trump, évoquant des soupçons de collusion entre l’équipe de campagne du milliardaire en 2016 et la Russie, des paiements secrets faits à des maîtresses supposées du président et les affaires commerciales de la famille Trump, un membre démocrate de la commission a demandé à Michael Cohen :

« Y a-t-il d’autres malversation ou actes illégaux liés à Donald Trump dont vous ayez connaissance et que nous n’avons pas encore évoqués aujourd’hui ? »

L’ex-avocat a répondu sans hésiter : « Oui, et encore une fois, ceux-ci font partie de l’enquête actuellement menée par » un tribunal fédéral de New York, qui a donc demandé à M. Cohen de ne pas en parler publiquement.

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