L’enquête avait été ouverte en 2013, à l’époque où l’ex-ministre de droite était adjointe au maire de Saint-Jean-de-Luz.
L’eurodéputée Michèle Alliot-Marie a été mise en examen le 21 février pour « prise illégale d’intérêt » dans une enquête portant sur des mouvements de fonds suspects à Saint-Jean-de-Luz, a annoncé mardi 26 février le parquet de Nanterre.
L’enquête, ouverte en 2013, à l’époque où l’ex-ministre de droite était adjointe au maire de Saint-Jean-de-Luz, portait notamment sur des mouvements de fonds suspects dans des associations locales chargées de l’organisation du Festival des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz, présidé par Bernard Marie, le père de Mme Alliot-Marie.
Des mouvements de fonds estimés à 200 000 euros
Plusieurs associations de Saint-Jean-de-Luz, sur la côte basque, auraient été lésées. En effet, selon Le Parisien, qui avait révélé l’information en octobre 2013, c’est un signalement de Tracfin, l’organisme contre le blanchiment du ministère de l’économie et des finances, qui avait éveillé l’attention de la justice.
Une information judiciaire avait été ouverte le 13 juin 2013 portant sur des mouvements de fonds troublants – environ 200 000 euros – entre 2010 à 2012, entre des associations liées à l’office de tourisme de Saint-Jean-de-Luz et un hôtel de la localité basque. L’hôtel de Chantaco, visé par l’enquête, était alors dirigé par Bernard Marie, ancien député et maire de Biarritz. Sa fille en détient des parts.
Lors de l’instruction, les enquêteurs repèrent également des subventions versées chaque année par la mairie de Saint-Jean-de-Luz à une association, la Fondation du bénévolat, par le biais de l’office de tourisme. Cette association a pour rôle essentiel l’organisation du Festival des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz, présidé par Bernard Marie, décédé en 2015. Elle reçoit chaque année 25 000 euros de la part de la mairie.
Or, entre 2009 et 2013, date de la dernière édition de ce festival, Mme Alliot-Marie était adjointe au maire, en plus de ses fonctions de garde des sceaux puis de ministre des affaires étrangères. La justice lui reproche d’avoir subventionné une association travaillant pour son père, ce que contestent formellement ses avocats.
« Sa non-participation aux votes n’a pas été notée sur les procès-verbaux des conseils municipaux », ont déploré Mes Christophe Ingrain et Rémi Lorrain, interrogés par l’AFP. « On a versé à la procédure les attestations de cinq personnes affirmant qu’elle n’avait pas pris part aux votes, ont-ils ajouté, on est sur une irrégularité purement formelle, il n’y a aucun enrichissement personnel. » Les deux avocats comptent contester la mise en examen de leur cliente devant la cour d’appel.
En octobre 2013, à la suite de l’ouverture de l’enquête, Michèle Alliot-Marie avait indiqué à la presse qu’elle « n’[avait] connaissance d’absolument rien […]. On parle de moi pour des tas de choses, il y a des élections, ça doit gêner certains », avait-elle indiqué à la presse, en octobre 2013, sous-entendant alors qu’elle n’excluait rien pour la présidentielle de 2017. Une ambition abandonnée depuis, contrairement à l’enquête ouverte à Nanterre.
Affaire des assistants parlementaires
Ce n’est pas la première fois que l’ancienne ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy est inquiétée par la justice.
Elle fait l’objet d’une enquête en tant qu’eurodéputée, pour abus de confiance. Elle est soupçonnée, comme plusieurs de ses collègues de différentes formations politiques, de rémunérer avec des fonds européens des collaborateurs cumulant leur travail au Parlement avec d’autres fonctions politiques.
Abonnée aux postes régaliens entre 2002 et 2011 (défense, intérieur, justice et affaires étrangères) sous deux présidences différentes, elle avait vu sa carrière politique nationale subir un soudain coup d’arrêt en plein printemps arabe.
En février 2011, le Canard enchaîné révèle que Mme Alliot-Marie a passé des vacances en Tunisie pendant le soulèvement anti-Ben Ali, voyageant avec le jet privé d’un ami réputé proche du régime de l’ex-président tunisien. Le scandale emporte « MAM », qui avait pourtant jusqu’ici survécu à plusieurs tempêtes, comme le fiasco de l’affaire Tarnac, du nom de ce groupe d’ultragauche un temps soupçonné de terrorisme, sans preuves probantes.