Emmanuel Macron estime que le mouvement des gilets jaunes traduit « un gigantesque échec collectif » dont il dit prendre sa part, dans le livre « Le peuple et le président » (Plon) paru jeudi.
Le chef de l’État a accordé début janvier une longue interview aux auteurs, qui retracent l’explosion de la crise à travers les témoignages de ceux qui manifestent pour la première fois, de policiers attaqués, de figures du mouvement et de responsables politiques.
« C’est un gigantesque échec collectif, j’en prends ma part »
L’ouvrage révèle que le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner avait tout organisé pour que le chef de l’État se rende sur un rond-point le 23 novembre pour discuter avec des gilets jaunes. Mais Emmanuel Macron annule. « Ça aurait seulement affaibli l’exécutif », justifie-t-il a posteriori.
Macron : « C’est le peuple français qui m’a choisi, pas la République des partis. Je lui dois tout. Si j’échoue, j’aurai échoué pour lui et avec lui »
« Beaucoup de gens avaient honte de leur vie, de ne pas parvenir à s’en sortir malgré leurs efforts. C’est nous qui devons avoir honte », dit-il. « C’est un gigantesque échec collectif, j’en prends ma part. Mais j’ai encore trois ans pour changer cela », a-t-il dit aux journalistes Cyril Graziani et Cécile Amar, qui analysent dans leur livre la crise des gilets jaunes.
Ils décrivent un président de la République qui admet avoir sous-estimé la crise en voyant une mobilisation « plus faible que la plus petite mobilisation contre la réforme de la SNCF », commente-t-il.
Et qui affronte, comme ses prédécesseurs, la solitude du pouvoir : « Qui m’a soutenu pendant la crise des gilets jaunes ? Personne. C’est le peuple français qui m’a choisi, pas la République des partis. Je lui dois tout. Si j’échoue, j’aurai échoué pour lui et avec lui. Jamais contre lui », conclut-il.
« Les journalistes doivent faire leur mea culpa »
Il accuse les médias d’avoir participé à la destruction « des corps intermédiaires durant cette crise ».
« Ils ont dit : ‘M. Trucmuche, parce qu’il a un gilet jaune, est aussi représentatif, et peut-être plus sincère qu’un maire ou un leader syndical’. Il n’y a plus aucune reconnaissance de la représentation ni hiérarchisation du point de vue ». « J’ai fait mon mea culpa. Mais les journalistes aussi doivent le faire », accuse-t-il.