Les autorités britanniques nient que l’affaire concerne la liberté de la presse, et elles ne diront rien sur la possibilité pour Assange de se rendre en France.
S’il est expulsé du Royaume-Uni, Julian Assange, l’éditeur australien de WikiLeaks, risque jusqu’à 175 ans de prison aux États-Unis pour avoir publié des informations révélant des crimes de guerre et des actes de torture commis par les États-Unis. Son équipe juridique a déclaré qu’elle prévoyait de faire appel de l’affaire d’extradition devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) à Strasbourg, en France, en faisant valoir que la procédure judiciaire britannique a été entachée d’irrégularités.
Toutefois, selon les experts, il est peu probable qu’Assange, qui est actuellement détenu sans inculpation à la prison londonienne de Belmarsh dans l’attente de son extradition, soit autorisé à assister physiquement aux audiences de la CEDH à Strasbourg, qui se trouve dans la région française de l’Alsace.
« L’argument des autorités britanniques contre la libération sous caution a toujours été qu’il représentait un risque de fuite important et un rappel de ses sept années passées dans l’ambassade équatorienne », a déclaré à Truthout Tim Dawson, de la Fédération internationale des journalistes, un groupe qui s’oppose à la détention d’Assange. « Je ne vois pas comment ils vont permettre que quelque chose de similaire se produise. »
L’une des raisons pour lesquelles le ministère de l’Intérieur britannique pourrait être nerveux à l’idée de laisser Assange assister aux audiences est que cette « fuite » pourrait prendre la forme d’une demande d’asile embarrassante une fois qu’Assange aura atteint le sol français – une demande qui jouirait d’une grande crédibilité, étant donné que des représentants du gouvernement des États-Unis ont déjà violé le secret professionnel de l’éditeur et envisagé activement de tuer leur futur accusé, et étant donné que le processus judiciaire britannique a comporté des conflits d’intérêts documentés.
Un porte-parole du ministère britannique de l’Intérieur a refusé de dire si Assange serait autorisé à assister aux audiences de la CEDH, soulignant que tout recours à la CEDH restait théorique pour l’instant. L’équipe juridique d’Assange a essayé l’année dernière de faire appel de manière préventive devant la CEDH, mais il lui a été répondu à l’époque que la procédure d’appel britannique devait d’abord être épuisée, selon Kevin Gosztola, qui a écrit un livre sur l’affaire.
Selon Kevin Gosztola, auteur d’un livre sur l’affaire, ce calendrier inquiète les avocats d’Assange.
« L’équipe juridique d’Assange craint que la Haute Cour de justice [britannique] ne rende une décision finale sur l’extradition et que les autorités ne l’emmènent dans un avion », a écrit Kevin Gosztola dans un courriel adressé à Truthout. « Il pourrait être en transit vers les États-Unis avant que ses avocats ne soient informés de l’issue de l’appel et puissent faire appel devant la CEDH. »
Entre autres révélations, WikiLeaks a publié une vidéo montrant l’assassinat de deux journalistes de Reuters par des militaires américains, ainsi que des documents décrivant la torture de détenus dans des installations militaires américaines en Irak.
Source : Truthout, Patrick Maynard
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises