Dans son livre blanc de la sécurité intérieure, le ministère de l’Intérieur propose d’élargir les compétences du secteur de la sécurité privée. Mais ce dernier est loin d’offrir toutes les garanties requises pour une telle responsabilité.
Au terme d’un an de travail, le ministère de l’intérieur a présenté, samedi, le livre blanc de la sécurité intérieure. Dans ce document de 322 pages, le ministre de l’Intérieur avance près de 200 propositions. Sont mentionnés, entre autres, l’élargissement des compétences de la police municipale ou bien encore un budget du ministère de l’Intérieur de l’ordre de 1 % du PIB, soit environ trois fois le montant de l’enveloppe actuelle. Une allonge considérable qui ne l’empêche pas pour autant d’envisager un élargissement des compétences de la sécurité privée, visant ainsi à soulager une partie de ses effectifs.
Tout est parti du rapport des députés LREM, Jean-Michel Fauvergue et Alice Thourot, « D’un continuum de sécurité vers une sécurité globale », publié en septembre 2018. Le livre blanc reprend peu ou prou les constats et les préconisations du document des deux élus sur ce thème :” La demande formulée par certains représentants des forces est de les transférer à des partenaires de la sécurité afin de dégager de la ressource temporelle et humaine pour la réorienter sur des missions prioritaires.” Concrètement, le rapport cite le “panorama prospectif de la sécurité privée à l’horizon 2025” du préfet Burg, lequel indiquait une volumétrie d’approximativement 4 000 équivalents temps pleins de policiers ou gendarmes consacrés aux gardes statiques en 2016. Une surveillance qui concernait plus de 8 000 sites. Des gardes qui pourraient être transférées en partie à la surveillance privée.
Mais le ministère de l’Intérieur n’entend pas s’arrêter à ce seul transfert de compétence. Il s’interroge également sur un agrandissement des périmètres géographiques et juridiques de ces entreprises. Prenant exemple sur la privatisation expérimentale des voitures-radars en Normandie, il envisage l’intégration des agents privés et des personnels assermentés au processus de verbalisation des contribuables. Le rapport de 2018, évoquait des délits dont le préjudice pouvait s’élever jusqu’à 200 €. Les agents de sécurité pourraient ainsi verbaliser les vols à l’étalage dans leurs magasins ou bien les conflits devant leurs établissements.