L’arsenal des policiers et gendarmes s’adapte aux manifestations pour continuer à maintenir l’ordre efficacement. Tandis que des manifestants se réunissent dans la capitale russe, voici l’occasion d’aller observer comment s’opère le maintien de l’ordre public en France, en Belgique et au Canada.
Moscou s’apprête à faire face à un deuxième samedi de rassemblements non-autorisés après le rejet d’une soixantaine de candidatures aux élections du Parlement de la capitale qui se tiendront en septembre. Pendant les moments de tension, les policiers russes ont utilisé samedi dernier des matraques. Lesquelles semblent bien légères comparées à l’éventail d’armes utilisées par la police dans certains pays occidentaux.
Expérience canadienne
En mars 2015, la police a utilisé au Québec des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes contre des jeunes qui s’opposaient aux politiques d’austérité de la province canadienne. Après que la police a tenté de disperser une foule d’étudiants, les manifestants ont commencé à ériger des barricades en plein centre de Montréal. Une manifestante a reçu une grenade lacrymogène en plein visage.
D’après Radio-Canada, en 2018, la Sûreté du Québec (SQ) a renoncé à utiliser les balles de plastique de type AR-1, lesquelles ont causé des blessures graves dans le passé. La police est désormais équipée de bâtons télescopiques et d’une nouvelle arme d’impact, le lanceur GL06, qui utilise des projectiles considérés comme dangereux. Certains groupes spécialisés disposent également de pistolets à impulsion électrique.
RT @File90: Voici une balle en plastique retrouvée à #victo lors de la fameuse manif #polQC #assnat #ggi #non1625 #FEUQ pic.twitter.com/5B7mzinS
— Gabriel Nadeau-Dubois (@GNadeauDubois) 8 mai 2012
Pendant les manifestations ayant eu lieu à l’occasion du forum de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique à Vancouver en 2018, la Gendarmerie royale du Canada aurait également eu recours à la force de manière excessive en fouillant de manière osée des manifestantes et en utilisant du poivre de Cayenne.
Les armes de la police française
La doctrine française du maintien de l’ordre repose sur une mise à distance des manifestants à l’aide de différents dispositifs… et qu’ils sont nombreux! Le bâton de défense à poignée latérale, les canons à eau, les lanceurs de balles de défense (LBD) et les grenades GLI-F4. Ces dernières ont fait beaucoup de bruit durant les manifestations des Gilets jaunes en laissant plusieurs manifestants mutilés.
Les grenades de désencerclement sont pointées du doigt pour avoir grièvement blessé des manifestants, selon un rapport commun de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) et de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Les agents porteurs d’un lance-grenades doivent faire une demande d’autorisation verbale à leur hiérarchie avant chaque utilisation.
Selon le collectif Désarmons-les, qui publie des photos des victimes, environ 40 personnes ont été mutilées à cause de cette arme sublétale entre 2007 et le 1er mai 2019.
Peu après les premiers heurts entre la police et les Gilets jaunes lors de l’acte 13 à Paris, un manifestant a eu une main arrachée.
Les interventions collectives n’ont lieu qu’en cas d’absolue nécessité.
La Belgique n’est pas épargnée par les LBD
Un rapport remis en janvier 2018 par le Défenseur des droits plébiscite la mise à distance des policiers par rapport aux manifestants en Belgique, «où l’on tente au maximum d’éviter [l’affrontement] par le biais de la négociation et du compromis».
Le cadre d’utilisation du LBD est également restreint en Belgique. Il est destiné par exemple aux interventions dans les prisons, aux agressions, en cas de surveillance d’une personne en danger ou dans le cadre d’un plan d’urgence lors d’une prise d’otages.
Ainsi, à quelles armes ont recours les policiers belges pendant les manifestations? Aux matraques, bombes lacrymogènes ou encore aux canons à eau, comme ci-dessous, lors de la manifestation des Gilets jaunes à Bruxelles le 30 novembre 2018.
À titre d’exemple, quand des manifestants descendus dans les rues de Bruxelles pour protester contre le Pacte de Marrakech en décembre dernier ont lancé des projectiles sur les forces de l’ordre et commis des dégradations, la police leur a répliqué en faisant usage de gaz lacrymogènes et de lances à eau.