Après dix jours de travail, « Marianne » doit renoncer à la création d’un compteur automatisé pour relever quotidiennement et avec précision le nombre de signatures apportées à la pétition pour un référendum d’initiative partagée (RIP) contre la privatisation du groupe Aéroports de Paris (ADP). Voici pourquoi.
Dès le lancement le 13 juin de la collecte des 4.7 millions de signatures nécessaires à l’obtention d’un référendum d’initiative partagée (RIP) sur la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP), et puisque le gouvernement n’en proposait pas, Marianne s’est attelé à la tâche de la création de son propre compteur. Celui-ci aurait permis de connaître quotidiennement l’évolution du nombre de signatures, chose essentielle à nos yeux pour informer les citoyens, les mobiliser et ne pas laisser disparaître le sujet ADP dans le tourbillon de l’actualité.
Toutes nos tentatives pour réaliser un compteur entièrement automatisé se sont cependant avérées infructueuses. A l’heure actuelle, le gouvernement ne permet pas – mieux, il empêche – tout décompte automatique. Notre compteur n’aurait pourtant utilisé aucune donnée personnelle, il aurait simplement « compté » les lignes de noms présents sur le site du ministère de l’Intérieur. Cela est rendu impossible par la présence de « captchas » à chaque clic sur le site, ces codes à insérer pour prouver que l’utilisateur est un humain et non un robot malveillant. On comprend que le ministère ait voulu préserver au mieux les données des utilisateurs. Il a toutefois fait les choses à moitié : les données ne sont pas protégées puisque n’importe qui peut aller vérifier si son voisin a signé ou non ! Notre mission d’information, en revanche, ne peut être remplie puisque les lignes ne peuvent être comptées. Voilà les citoyens perdants sur tous les plans.
Dans de telles conditions, seul le ministère a les moyens de proposer un décompte sécurisé, chose qu’il n’a nullement l’intention de faire. Preuve s’il en fallait que le RIP devait tomber dans les limbes de l’actu, le Conseil constitutionnel prévoit de faire un point sur le nombre de signataires… une fois par mois seulement.
COMPTEURS MANUELS
Pour y remédier, certains comme Checknews de Libération, se sont lancés dans un fastidieux décompte quotidien… manuel. Il ne s’agit évidemment pas là de compter les lignes une à une mais d’utiliser une méthode d’extrapolation du résultat global à partir de calcul d’échantillons, représentant environ 20% du total des soutiens. Un gros travail, donnant une bonne idée du nombre de soutiens (près de 380 000 ce 25 juin), mais qui ne correspond pas à notre ambition de compteur automatisé exact. D’autres, comme le site ADPRip, comptent bien automatiquement les signataires grâce à un script. Mais grâce aussi à l’utilisation de micro-travailleurs aux quatre coins du monde, payés une misère, pour réaliser ce qu’un robot ne peut faire… Une méthode que Marianne se refuse évidemment à employer.